Quelque chose de très inquiétant est en train de se passer dans l’est de Montréal, entre les quatre murs de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. En fait, c’est plutôt ce qui ne s’y passe pas qui nous inquiète au plus haut point. Car pendant que le gouvernement du Québec repousse aux calendes grecques le lancement du chantier de reconstruction de Maisonneuve-Rosemont, dont la durée de vie utile est dépassée depuis trop longtemps déjà, l’hôpital est devenu une vraie bombe à retardement.

Annoncé en 2018 par l’ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette, le projet de rénovation de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont devait initialement démarrer entre 2018 et 2021, être conçu entre 2021 et 2024, construit entre 2024 et 2029, et livré en 2029. Déjà en 2018, nous étions engagés dans une véritable course contre la montre pour assurer le maintien de soins de santé de qualité. Or, alors que l’année 2021 est déjà bien entamée, le gouvernement de la CAQ tarde encore à dévoiler son plan pour assurer que le nouvel hôpital sera livré dans les délais prévus.

La population de l’est de Montréal dépend de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont pour recevoir des soins de santé de qualité, et ce à toutes les étapes de la vie. Or, nous craignons de plus en plus un bris majeur qui pourrait mettre en péril des pans entiers de services et de soins dont la population a besoin, pour lesquels elle paie comme tous les autres Québécois, et auxquels elle a droit.

Dans l’immédiat, la vétusté extrême de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont force les patients et le personnel soignant à supporter des conditions de vie quasi inhumaines.

Au moment d’écrire ces lignes, les climatiseurs temporaires ne sont toujours pas déployés dans certains secteurs de l’hôpital alors que le mercure indique des températures supérieures à 30 °C ! Au neuvième étage de l’hôpital, aux départements de cardiologie et de gériatrie, les températures peuvent facilement atteindre les 40 °C durant la saison estivale. Pourquoi les climatiseurs installés temporairement l’année dernière n’ont pas été réinstallés cette année ? C’est pourtant littéralement une question de vie ou de mort dans certains cas.

Depuis quelques années, les départs de personnel soignant sont aussi plus nombreux que les nouvelles embauches. L’état pitoyable des infrastructures de l’hôpital n’y est certainement pas étranger. Quand on connaît le manque criant de personnel dans le réseau de la santé, et tout particulièrement dans la région métropolitaine, on comprend facilement qu’il soit difficile pour l’hôpital Maisonneuve-Rosemont de retenir ou d’attirer des professionnels qui auraient le choix de travailler dans un hôpital en meilleur état et offrant des conditions de travail dignes de ce nom.

Le Comité des usagers de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont a récemment interpellé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, afin de convoquer une rencontre d’urgence en compagnie des représentants de la Coalition non partisane pour un nouvel hôpital Maisonneuve-Rosemont, lancée à l’initiative du député de Rosemont, Vincent Marissal.

Comme le soulignait le DFrançois Marquis le 20 mai dernier, même si le chantier de reconstruction de l’hôpital était lancé demain matin – et on sait que c’est humainement impossible considérant les nombreux échéanciers qui précèdent la première pelletée de terre –, il n’est pas certain que l’établissement pourrait continuer de dispenser les soins de santé à la population sans que ne survienne un accident majeur qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la population – vieillissante, doit-on le rappeler – de l’est de Montréal.

Aujourd’hui, nous lançons un cri du cœur au ministre Dubé : pour les soignantes et les soignantes, pour les usagers de l’hôpital, il est minuit moins une. La reconstruction de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont est une priorité absolue, et chaque jour qui passe, nous nous rapprochons dangereusement d’une catastrophe.

* Mélissa Bellemare, coordonnatrice Comité des usagers de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, Sylvie Bonenfant Bourassa, Carole Bouchard, Patrick Cothenet, Félix Duford-Racine, Michel Paré et Linda Shanks

Avec l’appui de : Vincent Marissal, député de Rosemont ; le DGaétan Barrette, député de La Pinière ; Alexandre Boulerice, député fédéral de Rosemont-La Petite Patrie et chef adjoint du NPD ; MPaul G. Brunet, président-directeur général du Conseil pour la protection des malades ; Denis Cloutier, président, de la FIQ-SPSESTIM ; Louise Harel, ex-députée d’Hochelaga-Maisonneuve ; Alexandre Leduc, député d’Hochelaga-Maisonneuve ; Nicole Léger, ex-députée de Pointe-aux-Trembles, le DFrançois Marquis, chef de service des Soins intensifs de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et Paule Robitaille, députée de Bourassa-Sauvé

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