Voilà plus d’un an que la pandémie nous a confinés dans nos salons. Pendant cette période d’incertitude, nous avons passé des soirées entières à regarder des films et des téléséries dans l’espoir d’y trouver réconfort et humanité. Mais pour les Québécoises et Québécois issus de toutes les communautés et diversités – dont nous faisons partie –, ces histoires racontées sur nos écrans n’ont pas toujours l’effet escompté. C’est même parfois l’inverse, car si, dans la rue, le Québec se dévoile dans toutes ses splendides différences, c’est plutôt de l’homogénéité qu’on retrouve devant et derrière les caméras.

Se voir représentés, c’est exister

Selon le recensement de 2016, plus de 1,1 million de spectatrices et spectateurs du Québec s’identifiaient à une minorité visible, ce qui représente près de 13 % de la population. Une analyse du Devoir a pourtant montré qu’en 2017, les artistes issus de ces mêmes minorités ne représentaient que 4 % de l’équipe des 10 films les plus vus au Québec. Du côté du petit écran, la situation n’est guère plus reluisante. En 2018, sur 894 rôles dans les séries télévisées, 97 étaient joués par des personnes issues des communautés ethnoculturelles ou autochtones, selon un dossier de Radio-Canada.

Il est urgent d’exister non pas seulement pour camper des seconds rôles ou pour occuper des postes de débutantes et de débutants sur les plateaux de tournage.

Tout est à repenser : les fictions jeunesse, par exemple, doivent refléter la diversité de notre « chez nous » afin que tous les enfants, y compris les nôtres, puissent s’y reconnaître et se sentir inclus.

Puis, dans les galas, les actrices et acteurs autochtones ou issus des communautés ethnoculturelles de tous les genres doivent rayonner plutôt que de briller par leur absence au tableau des sélections.

Aujourd’hui, nous unissons nos voix pour demander aux acteurs de l’industrie que l’on puisse, nous aussi, raconter nos histoires non stéréotypées, dans toute leur pluralité et toutes leurs nuances. Notre vœu le plus cher est que tous les Québécoises et Québécois, quels que soient leurs origines et leur genre, aient la possibilité de contribuer à l’imaginaire collectif et d’enrichir notre patrimoine commun.

Des voix s’élèvent

La situation évolue, comme en témoignent notamment le mouvement Black Lives Matter, les manifestations contre le dénigrement envers les populations d’origine asiatique et le débat sur l’utilisation du mot qui commence par n. Des voix autrefois muettes s’élèvent pour pulvériser les références obsolètes, repousser les limites du possible et réclamer plus d’équité. Dans la tempête, le navire peut accélérer. Gardons le cap.

Alors que la pandémie provoque des remises en question fondamentales, prenons conscience de nos talents sous-exploités et clamons notre besoin d’inclusion pour le bien-être collectif.

Nous insistons sur le mot collectif, car cette situation ne concerne pas que notre industrie. Elle touche toute notre société puisque la fiction et le documentaire peuvent aider n’importe qui à saisir le réel de façon différente. Il y a là une incroyable occasion à saisir pour influencer de manière positive et durable l’inclusion sur nos écrans et, par extension, dans notre société.

Plus que jamais, nos productions audiovisuelles participent à la transmission de nos valeurs communes. Et puisque notre « chez nous » se positionne comme un phare de la culture francophone en Amérique, soyons un phare puissant. Exigeons qu’il éclaire toutes les francophonies d’ici.

Depuis le lancement de la campagne Découvrons-NOUS, nous défendons avec encore plus de vigueur notre point de vue dans les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux. Mais cette conversation, nous devons l’avoir ensemble.

Comment peut-on contribuer à la société de demain ? En allant à la rencontre des différences, puis en faisant de la place pour les histoires et les personnes qui les portent. Il n’y a pas de bataille plus sûrement perdue que celle qu’on ne mène pas haut et fort. Alors, découvrons-NOUS.

*Cosignataires, porte-paroles de la campagne Découvrons-NOUS en faveur de l’inclusion et de l’équité sur nos écrans : Mélissa Bédard, Mehdi Bousaidan, Khate Lessard et Cynthia Wu-Maheux

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