Aujourd’hui, le printemps est parmi nous. Mais la date que je retiendrai cette semaine est le 16 mars, alors que le premier ministre du Québec, François Legault, a affirmé que tout adulte sera vacciné contre la COVID-19 avec au moins une première dose d’ici la fête nationale.

Majeur et vacciné au moins une fois au plus tard le 24 juin qui vient ! Hourra ! Je laisserai aux mathématiciens, scientifiques et gérants d’estrade de toutes sortes le soin de tenter de démontrer l’impossibilité ou l’improbabilité de voir cette affirmation se concrétiser.

Mon premier réflexe fut de me dire quelle belle diversion préparée par l’équipe des communications du premier ministre pour nous faire oublier les déconvenues du vaccin d’AstraZeneca, ce mal aimé, cet incompris, ce montré du doigt.

Mais aujourd’hui, je choisis d’y croire, pour ma santé mentale. Besoin de croire à un après-COVID-19. On peut commencer à rêver un peu.

Si les politiciens de tous les ordres gouvernementaux commencent à discuter de l’après-COVID-19 et prennent des décisions entre autres sur les enjeux de l’économie, de l’éducation et de la santé, nous pouvons certainement aussi commencer à penser à l’après-COVID-19 dans nos interactions sociales. L’après-fête nationale, quoi !

Par contre, même après la vaccination, l’impact de la pandémie sur le politique et la façon de faire de la politique sera énorme et, à mon avis, le demeurera pour encore longtemps.

Nos notions de confort, et ce, sur tous les plans, nos acquis, notre sécurité sanitaire semblent avoir été fragilisés pour encore longtemps. Les gens autour de moi disent s’attendre à d’autres pandémies. Les bains de foule, les longues lignées sans distanciation ne semblent pas avoir la cote, même dans l’après-COVID-19. Une année à vivre dans notre bulle nous fait un peu oublier les foules.

Pauvres politiciens ! Pauvres politiciennes ! Vous me voyez venir. Comment font-ils pour se démarquer dans leur communauté respective ? Les défis sont toujours importants et nombreux à cet effet, mais plus encore en temps de pandémie et même après, en commençant par le défi organisationnel.

Au Québec, nous aurons bientôt deux campagnes électorales très importantes. Une au niveau municipal et une au niveau fédéral. Au municipal, la date est fixée au dimanche 7 novembre 2021. Au fédéral, bien que la date prévue soit le 16 octobre 2023, plusieurs observateurs de la scène politique prévoient des élections avant la fin de l’année.

Le Québec compte plus de 1100 municipalités. Au fédéral, il y a 338 circonscriptions. C’est beaucoup de monde en campagne électorale. Comment rejoindre les électeurs, comment les convaincre et comment les pointer pour faire sortir le vote le jour (ou les jours) de scrutin ? Tout organisateur politique, tout bénévole de campagne et tout candidat sait qu’une campagne politique se nourrit de contacts humains à travers des rassemblements, du porte à porte et des activités communautaires.

La COVID-19 et l’après-COVID-19 vont forcer tous ceux qui sont impliqués dans des campagnes électorales à revoir leur façon de faire. BBQ, soirées spaghetti et autres activités semblables devront être repensées.

Le Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD), un groupe que j’apprécie particulièrement, d’une part parce qu’il travaille à intéresser plus de femmes à s’impliquer en politique active et, d’autre part, parce qu’il offre de la formation pour démystifier la politique, a compris que les campagnes électorales se dérouleront maintenant différemment.

> Consultez le site web du GFPD

Le Groupe offre une formation le 21 avril prochain pour aider à « Organiser sa campagne électorale municipale en période de pandémie ». J’ajouterais : pour encore au moins quelques années. Organisation, financement, relations de presse, communication, méthodes de conviction et d’approche de l’électorat, stratégies électorales, pointage et sortie de vote sont au menu. Tout doit être repensé et revu.

Au fédéral, les différents partis préparent déjà leurs troupes en ce sens. Des guides sont préparés pour les candidats et les bénévoles de campagne. Le congrès du Parti conservateur du Canada, qui se déroule virtuellement du 18 au 20 mars 2021, est un exemple de ce à quoi nous pouvons nous attendre dans l’après-COVID-19. Il est assurément plus facile et surtout moins coûteux d’attirer des membres virtuellement. Ils sont plus de 5000 membres au congrès virtuel des conservateurs.

> Consultez le site web du congrès du Parti conservateur du Canada

N’oublions pas cependant que les hautes instances des partis politiques pourront encore plus contrôler les messages qui proviennent d'un plancher virtuel, rien pour faciliter le travail des journalistes. Nous verrons bien ce qui se dégagera à cet égard du congrès conservateur. Personnellement, je souhaite que tout ce virtuel ne soit pas la nouvelle façon de faire de la politique partisane. En politique, rien ne remplace les congrès en personne, les rencontres de gens d’un peu partout avec qui nous tissons des liens et les discussions de corridor, même celles avec les journalistes.

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