Le 11 mars prochain, le premier ministre François Legault tiendra une journée de commémoration en hommage aux victimes de la COVID-19. Les généraux Arruda, Legault et Dubé sont à la tête d’une armée de microbiologistes et de professionnels de la santé qui combattent un virus qui fait un grand nombre de victimes, tant dans la population que chez les soldats montés au front.

Mais qu’en est-il des victimes dont l’isolement a aussi eu raison de leur santé et de leur vie ? Combien de proches aidants ont attrapé la COVID-19 et combien en sont morts dans cette longue guerre à finir ? Malheureusement, aucune statistique ne fait état de cette réalité qui touche pourtant une très forte proportion de la population de tous âges. Mais où est donc celui ou celle qui devrait mener les troupes au combat contre l’isolement ? À cet égard, le silence de la ministre des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, est triste et révoltant.

Chaque fois qu’un coronavirus est tué, la santé d’un patient risque de s’améliorer. Mais lorsqu’un neurone est tué par l’isolement, les séquelles sur la santé mentale et physique sont irréversibles et permanentes. En effet, il est prouvé scientifiquement que le stress chronique causé par l’isolement attaque le système immunitaire et augmente le risque de morbidité et de mortalité.

Pour le cerveau, l’isolement mène rapidement à une perte des capacités de raisonnement et de mémoire et, après 65 ans, les neurones s’usent et meurent beaucoup plus rapidement si on ne les utilise pas. Aucun vaccin n’existe pour tuer l’isolement. Seul le contact humain peut combattre les méfaits de l’âge.

Pour ma part, mon parcours du combattant en tant que proche aidant s’arrête ici. Ma mère de 98 ans nous a quittés le 27 janvier. Je peux témoigner que c’est l’isolement qui a écourté sa vie, et lui a mis fin. Avant la pandémie, elle était heureuse et active. Après la première vague, avec l’interdiction de visite des familles et des proches aidants pendant trois mois, sa santé physique et mentale a périclité de manière importante. Elle ne s’en est jamais remise.

PHOTO FOURNIE PAR DENIS ROBICHAUD

La mère de Denis Robichaud s'est éteinte le 27 janvier dernier, à l'âge de 98 ans.

En octobre dernier, la COVID-19 l’a attaquée et a tenté de la tuer, mais elle a survécu. Une fois qu'elle a été guérie, l’isolement imposé par le ministère des Aînées et des Proches aidants a terminé lentement mais sûrement son funeste travail. Ma mère s'est éteinte dans son sommeil avec, à ses côtés, ses deux compagnons de route depuis le mois de mars, la solitude et l’ennui.

Cette histoire n’est pas anecdotique. Un parcours semblable pourrait être raconté par un très grand nombre de familles et de proches aidants partout au Québec.

Même les soldats au front, professionnels de la santé, témoignent de la lourdeur de l’isolement qui crée des problèmes de santé et de l’angoisse chez leurs patients atteints de la COVID-19 et ceux qui n'en sont pas atteints, ainsi que chez les familles et les proches aidants, sur lesquels les problèmes se répercutent, souvent de manière virulente.

Toutefois, en l'absence de données, il est impossible d’en mesurer l’ampleur réelle.

Le 11 mars prochain, avec M. Legault, je vais lever mon verre en commémoration aux victimes du coronavirus et aux soldats morts au combat. Mais je ne manquerai pas de rendre un hommage particulier aux victimes de l’isolement et à tous mes frères et sœurs d’armes toujours au combat, les proches aidants, ces soldats inconnus qui montent au front pour libérer leurs parents des effets de la solitude et de l’ennui, avec pour seule arme leur courage, laissés à eux-mêmes, désarmés et abandonnés sur le champ de bataille par une ministre des Aînés et des Proches aidants qui prétend les représenter, les défendre et les protéger.

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