On a vu dans le passé que lorsque des catastrophes majeures se produisent, les populations comptent sur leur gouvernement pour intervenir et les protéger. Il est le seul à pouvoir le faire. Qu’elles soient naturelles ou économiques, ces catastrophes permettent d’évaluer la capacité des élus d’assumer les responsabilités qui leur ont été confiées, d’être à la hauteur des circonstances qui se présentent, aussi exceptionnelles fussent-elles.

Les gouvernements doivent prioriser l’endiguement et la résorption de la catastrophe tout en exerçant par ailleurs l’ensemble de leurs mandats. La pandémie actuelle nous montre qu’avec tous leurs moyens à leur disposition, ils ne peuvent y arriver sans la collaboration de la population. Or, celle-ci repose sur la confiance qu’elle a et continue d’avoir dans ses gouvernants. La stratégie de communication devient alors la pierre d’assise de l’action publique, mais, pour être efficace, celle-ci doit composer avec des éléments qui, même involontairement, peuvent diminuer ce lien de confiance et ainsi rendre l’action publique plus difficile.

Un manque de préparation

La plupart des gouvernements actuels ont eu à composer dès le début de la pandémie avec les mesures de précaution insuffisantes des gouvernements qui les avaient précédés. En fait, non seulement ont-ils eu peu de temps pour réagir à l’arrivée du virus, mais il s’est avéré que l’administration était mal préparée à y faire face.

Plutôt que de suivre un plan d’intervention bien établi pour ce type de circonstance, elle a dû improviser, découvrant au fur et à mesure les carences en équipement et en personnel de même que les problèmes de gestion propres à certains types d’établissements publics (CHSLD).

Des solutions ont dû être trouvées rapidement, mais leur matérialisation a pu entraîner certains délais. Que l’on songe que tous les gouvernements de la planète se sont mis en même temps à chercher et acheter le même type d’équipement, créant une sorte de Far West de l’approvisionnement où surenchère des prix et incertitude des livraisons prévalaient. De même pour le manque de personnel où l’urgence a permis le développement de marchés parallèles inflationnistes par ailleurs incapables de répondre adéquatement aux besoins. On a dû suppléer comme on a pu, de mesures exceptionnelles en mesures exceptionnelles, mais au moins on agissait, ce qui en soi était réconfortant.

Une expertise limitée et insuffisante

Un nouveau virus, pas de traitement connu ni de vaccin disponible, telle était la situation au départ. On en sera réduit à mettre en œuvre des protocoles assez traditionnels visant à diminuer les contacts et la progression de la maladie (distanciation physique, lavage des mains, confinement à différents degrés et, après quelques hésitations, port du masque) pour maintenir la capacité du réseau hospitalier de continuer de soigner la population.

Une première vague, un déclin de la propagation, une deuxième vague et retour à la case départ. Les experts en épidémiologie et virologie conseillent du mieux qu’ils peuvent le gouvernement, mais ne peuvent garantir le succès des mesures qu’ils proposent.

On sait grosso modo ce qu’il faut faire sans pour autant être assuré de conjurer le fléau rapidement. On suit ce qui se passe ailleurs et on cherche à mettre en œuvre ce qui semble marcher.

Le dernier exemple est le couvre-feu : s’ajoutant aux autres mesures, on espère renforcer le dispositif d’ensemble sans pouvoir calibrer son efficacité. Avec le temps, la confiance dans une expertise dont les résultats positifs tardent à se manifester semble s’étioler. Heureusement, l’arrivée des vaccins redonne espoir.

Des médias mobilisés et critiques

Les médias sont les témoins attentifs de l’action gouvernementale. Ils la suivent de près et ne manquent pas de s’interroger sur son opportunité et ses chances de réussite. L’Assemblée nationale ayant suspendu ses activités, les médias cherchent à compenser l’absence d’opposition et se font plus critiques du gouvernement. En fait, non seulement refusent-ils d’être instrumentalisés et de n’être que le reflet des décisions publiques, mais ils proposent systématiquement, pour chaque avis d’expert ou chaque mesure, un contre-avis ou une solution de rechange.

La chasse aux problèmes, erreurs et incohérences de même que la mise en évidence des cas individuels non prévus par les mesures et de témoignages particuliers deviennent leur pain quotidien. En ces temps difficiles, le « quatrième pouvoir » n’est pas responsable de maintenir un climat serein au sein de la population et la confiance de celle-ci envers son gouvernement, mais de témoigner de ce qu’il voit. Malheureusement, cette approche ne favorise pas le développement d’un esprit de collaboration collective nécessaire à l’endiguement de la pandémie.

Des difficultés économiques

Le confinement partiel ou total de l’économie a fait de nombreuses victimes (travailleurs et entreprises) et entraîné des mesures budgétaires compensatoires qui ont plombé les résultats financiers des gouvernements. Il faudra des années pour que certains secteurs (aéronautique, hôtellerie, restauration) retrouvent la rentabilité qu’ils avaient avant la crise et pour que le gouvernement liquide le déficit structurel engendré par cette dernière.

Dans un premier temps, la priorité fut de protéger la santé de la population avec les dommages majeurs à l’économie que cela a provoqués. Par la suite, avec l’arrivée d’une deuxième vague, on a essayé, comme il se doit, de mieux concilier le maintien de l’activité économique et la santé publique. C’était l’objectif principal : comment éviter, une fois la pandémie résorbée, qu’elle soit remplacée par une crise économique durable ? On peut sauver la vie des gens, mais, une fois sauvés, encore faut-il qu’ils retrouvent les moyens d’une vie indépendante.

Maintenir le lien de confiance

Un gouvernement ne peut agir efficacement sans l’appui de la population. Elle a besoin de lui et lui a besoin d’elle. Ce faisant, une communication directe, régulière et transparente doit exister.

Aucun soupçon de cacher de l’information ni de mentir ne doit mettre en péril la relation de confiance nécessaire à l’action publique. Des choix doivent être faits qui ne manqueront pas de créer des mécontents. Il faut les expliquer et tenir une logique de décision cohérente face à des enjeux éthiques difficiles.

Il semble, d’après les sondages, que le gouvernement du Québec, malgré toutes ces difficultés, ait réussi jusqu’à maintenant à conserver cette confiance, et sa stratégie de communication n’y est certainement pas étrangère.

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