La vague d’attentats terroristes en France des dernières semaines continue de laisser des familles dans le deuil et provoque des questions à savoir pourquoi la France continue d’être un épicentre du terrorisme islamique. Le plus récent de ces évènements, une attaque à l’arme blanche dans une église de Nice, s’inscrit dans une tendance dont on est témoins en France depuis des années.

Les groupes comme Al-Qaïda ont toujours encouragé leurs sympathisants en Occident à se radicaliser en djihadistes et à commettre des attentats dans leur pays de résidence. Un document secret d'Al-Qaïda découvert par la police allemande en 2011 conseillait à ses lieutenants en Europe de cibler et de recruter des hommes solitaires pour ensuite les encourager à commettre des attentats dans le style de celui que nous venons de voir à Nice.

A priori, ces incidents semblent être une continuation d’un mouvement terroriste qui a commencé avec les évènements meurtriers de Charlie Hebdo en 2015. Cependant, la France est une cible de choix des groupes islamistes comme Al-Qaïda et l’État islamique depuis des décennies.

En 1994, des djihadistes algériens ont détourné un avion d’Air France avec 241 passagers dans le but de le faire s'écraser en kamikaze sur la tour Eiffel.

L’attentat a été déjoué lorsque les pirates de l’air ont été persuadés de poser l’avion à Marseille sous prétexte qu’il n’avait pas assez de carburant pour se rendre à Paris et devait arrêter pour faire le plein de carburant.

Une fois sur la piste d'atterrissage, des commandos d’élite de l’armée française ont fait irruption dans l’avion et ont tué les quatre terroristes et sauvé la vie des otages. Le rapport de la commission d’enquête du 11-Septembre a indiqué que c’est l'attentat d’Air France en 1994 qui était l’inspiration des attentats du 11-Septembre.

Cible d'Al-Qaïda

L’actuel chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, continue de cibler la France. En 2006, Zawahiri et Oussama ben Laden fondent une base d’opérations en Algérie pour servir de tremplin d’activités à travers la diaspora maghrébine en France. Zawahiri déclare à l’époque que cette base serait « une source de chagrin, de frustration et de tristesse pour les apostats et les infidèles de France » et encourage le groupe à devenir « un os dans la gorge des croisés américains et français ».

Al-Qaïda a déjà même évoqué Napoléon Bonaparte comme justification pour ses opérations contre la France, disant que l’invasion napoléonienne de la Syrie et de la Palestine en 1798 était un complot sournois pour établir un État juif en Palestine. La France est aussi dénoncée par les groupes islamistes pour son interdiction du port du voile islamique, sa présence militaire en Afghanistan et au Mali et en raison du fait que le gouvernement français a aidé Israël à construire son réacteur nucléaire à Dimona.

L’accumulation des actes terroristes en France a eu un effet dévastateur sur la population. Les attentats de Toulouse, Nice, Paris et autres ont tué presque 300 personnes dans les dernières années.

Ces attentats ont aussi eu la triste conséquence d’envenimer les divisions entre la communauté musulmane en France et les forces de l’ordre.

La réaction du président Emmanuel Macron à cette dernière vague de terrorisme a été rapide et musclée. Après avoir accéléré les détentions des individus connus des services de sécurité, le gouvernement a accéléré l'expulsion de 213 individus sous surveillance. Plus tôt cette semaine, le président français a annoncé le déploiement de 3000 à 7000 soldats pour l’opération Sentinelle, afin de protéger les lieux de culte et les écoles.

Il est encore trop tôt pour savoir si ces nouvelles mesures empêcheront de nouveaux attentats ou les provoqueront. Les tensions dans les communautés musulmanes sont fortes depuis des années. Les incidents de Charlie Hebdo ont sensibilisé la population française à une plus grande tolérance des forces de l’ordre, mais une réaction draconienne du gouvernement présente aussi une occasion pour les groupes extrémistes de recruter à l’intérieur des communautés musulmanes.

Ce n’est pas une exagération de dire que les organisations comme Al-Qaïda et l’État islamique gardent rancune des caricatures de Mahomet et jugent qu’ils peuvent se servir de cette colère à leur avantage. La réaction robuste du gouvernement français et la déclaration de son président que « nous ne renoncerons pas aux caricatures » assure qu’on pourra voir d’autres incidents de ce genre à l’avenir.

* Ancien conseiller principal en affaires étrangères et sécurité nationale de Stephen Harper et conseiller principal de deux ministres des Affaires étrangères.

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