Cette lettre s’adresse au premier ministre, Justin Trudeau, et à la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland.

Monsieur Trudeau, madame Freeland, ne laissez pas s’affaiblir une industrie qui nous a pris collectivement près d’un siècle à bâtir. Aidez-nous à sortir plus forts de la crise !

Monsieur le premier ministre et madame la vice-première ministre et ministre des Finances, les acteurs de la grappe aérospatiale du Québec s’adressent à vous aujourd’hui pour vous alerter sur le sérieux de la situation. L’heure est grave et le statu quo ne peut plus durer.

L’industrie aérospatiale a été heurtée de plein fouet par la crise de la COVID-19. Depuis la fermeture des frontières, ses activités ont été considérablement ralenties. Cette pandémie touche non seulement les compagnies aériennes, mais toute la chaîne d’approvisionnement, des constructeurs aux fabricants d’équipements d’origine, des intégrateurs aux entreprises de maintenance, de réparation et de révision, jusqu’aux petites et moyennes entreprises, aux institutions universitaires et aux centres de recherche en aérospatiale.

Depuis mars, la grande majorité de la flotte mondiale d’avions est immobilisée au sol en raison de la chute vertigineuse du trafic aérien. Des milliers de travailleurs du secteur se sont retrouvés sans emploi, des livraisons d’avions ont été reportées ou même annulées, et des centaines d’entreprises canadiennes luttent pour leur survie. Depuis quelques mois, notre industrie travaille pourtant à proposer plusieurs mesures pour permettre un retour sécuritaire du public à bord des avions et envisager la réouverture des frontières, comme le font d’autres pays.

À lui seul, notre secteur génère des revenus de 31 milliards et contribue à hauteur de 25 milliards au PIB du pays chaque année. Il emploie plus de 213 000 Canadiens d’un océan à l’autre et représente des centaines de petites, moyennes et grandes entreprises.

Plus de 90 % des firmes manufacturières canadiennes de l’industrie aérospatiale exportent 80 % de leur production. Plus de 1 milliard est investi en recherche et développement (R & D) chaque année par notre secteur, contribuant ainsi à plus du quart de la R & D manufacturière totale au Canada.

Une aide ciblée qui tarde à venir

Nous voyons les autres pays dans le monde soutenir leurs secteurs stratégiques parce qu’ils savent que les exportateurs de produits de haute technologie créeront des emplois et de la richesse pour leurs citoyens. La poignée de nations qui possèdent une industrie aérospatiale tiennent également compte du rapport coûts-avantages et mettent de l’avant des politiques industrielles agressives pour assurer sa croissance. Bien plus que le Canada.

Le gouvernement fédéral entrevoit déjà de grands projets liés à la défense de notre pays. Il serait par conséquent pertinent de saisir l’occasion amenée par le contexte actuel pour accélérer et devancer ces investissements et, ainsi, venir en aide à la chaîne d’approvisionnement aérospatiale. Du même coup, une révision des politiques d’approvisionnement en matière de défense devrait être envisagée afin de favoriser d’autant plus les retombées technologiques industrielles locales, ce que ne permet pas le système actuel.

Des pays comme les États-Unis ont démontré qu’ils continueront à offrir un soutien sans faille au secteur de la défense, permettant ainsi le développement de technologies de pointe transférables à des avions commerciaux. La France, quant à elle, a fait le choix de l’innovation dans la relance en misant sur un avion à zéro émission. Pas moins de 1,5 milliard d’euros d’aide publique sur les trois prochaines années seront investis par le gouvernement français pour soutenir la R & D et l’innovation du secteur.

Le Canada dispose des atouts opérationnels, technologiques et de la main-d’œuvre qualifiée pour se positionner dans une relance verte. L’industrie est prête à travailler sur des solutions innovantes, la propulsion électrique ou hybride pour tout type d’appareils et, de façon plus générale, sur l’écomobilité en matière d’aviation, mais aura définitivement besoin du gouvernement comme partenaire stratégique pour rester dans la course face aux autres pays.

Il est primordial d’investir maintenant, comme vous l’avez fait récemment avec le secteur de l’automobile, pour stopper le recul de notre industrie sur la scène internationale.

Faire le choix de ne pas appuyer l’industrie aérospatiale ne sera pas synonyme de préservation de notre économie, bien au contraire. Faire ce choix signifiera sortir de la course.

Comment le Canada pourrait-il encore être compétitif s’il ne se positionnait pas rapidement dans cette course à l’innovation ? Comment pourrait-on, sans le gouvernement comme partenaire, retenir une main-d’œuvre hautement spécialisée et éviter un effritement de l’écosystème ?

En contribuant aux efforts de développement de l’industrie aérospatiale, les Canadiens créent de la valeur et stimulent notre économie. Ils soutiennent une industrie qui permettra au Canada de se distinguer dans les prochaines années. Les faits sont clairs : appuyer notre industrie est un investissement rentable pour le Canada.

M. Trudeau, Mme Freeland, l’industrie aérospatiale requiert votre action immédiate !

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