En réponse au texte du président et chef de la direction de SNC-Lavalin, Ian L. Edwards, « Construire des infrastructures durables, rentables et en temps opportun », publié le 8 octobre

Lors d’une rare intervention publique, le président et chef de la direction de SNC-Lavalin, Ian L. Edwards, affirmait dans La Presse la semaine dernière qu’en temps d’instabilité économique, « investir dans les infrastructures essentielles est considéré comme le moyen le plus sûr de stimuler l’économie ».

Il n’est pas le seul à appeler de tous ses vœux la mise en œuvre de travaux d’infrastructure majeurs. La déclaration du président de SNC-Lavalin faisait ainsi écho à celles de la Fédération des chambres de commerce du Québec, du Conseil du patronat du Québec et de bien d’autres encore. Et les gouvernements du Québec et du Canada ont entendu cet appel.

Devant l’imminence de tels investissements, il est plus urgent que jamais de se doter des mécanismes requis pour éviter d’aboutir aux résultats indésirables que nous avons connus dans le passé : dépassements de coûts, retards dans les travaux, qualité inadéquate, voire collusion et corruption.

Comment faire vite et bien

Depuis les 20 dernières années, les bonnes pratiques de gestion pour les projets d’infrastructure ont beaucoup évolué et les juridictions les plus performantes en arrivent toutes à la même conclusion : de tels investissements doivent nécessairement être supervisés par un tiers indépendant dont l’expertise est entièrement mise au service du donneur d’ouvrage.

Prenons l’exemple de l’Ontario : dans cette province, la société publique Infrastructure Ontario impose que ses projets en partenariat public-privé soient soumis à des tierces parties indépendantes pour valider les coûts et les budgets, la gestion de projet et la supervision des contrats.

Depuis la mise en place de ce modèle en 2014, près de 95 % des projets d’Infrastructure Ontario ont été réalisés sans dépassement de coûts et près de 70 % ont été complétés dans les temps prévus. Infrastructure Ontario dépasse ainsi la moyenne de l’industrie et, finalement, ces économies profitent aux Ontariens.

Le risque est réel

Au Québec en ce moment, le risque de dérapage est bien réel. La Vérificatrice générale du Québec soulignait encore récemment le déficit d’expertise du ministère des Transports pour la maîtrise d’œuvre des grands projets. Les conséquences sont concrètes pour les contribuables :

– Risque important d’erreurs dans la planification des travaux requis, des budgets et des échéanciers ;

– Risque important d’erreurs ou d’imprécisions dans les cahiers des charges et les appels d’offres, lesquels mènent invariablement aux fameux « extras » ;

– Risque important de perte d’efficacité par le manque de connaissance des dernières innovations en techniques et en matériaux.

Transparence et indépendance

Le Québec dispose de toute l’expertise nécessaire pour anticiper et prévenir les situations de conflit d’intérêts et de gaspillage, mais il reste à faire le choix politique de mettre cette expertise à profit de façon systématique dans tous les grands projets.

Au moment même où nous nous apprêtons à injecter plusieurs milliards dans nos infrastructures, nous ne pouvons pas tolérer que ces investissements soient faits sans tenir compte des meilleures pratiques de gestion reconnues au Canada et dans le monde.

Le Québec a besoin de cet électrochoc. Et le Québec peut le faire en s’épargnant les effets secondaires d’une nouvelle commission d’enquête. C’est une question de choix : faisons ensemble le choix d’investir dans des chantiers d’envergure et faisons ensemble le choix de donner l’exemple au monde quant aux pratiques d’excellence pour y parvenir.

> Lisez « Construire des infrastructures durables, rentables et en temps opportun »

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