Le premier ministre a un défi majeur : gérer une pandémie qui s’étire.

François Legault doit tout faire pour conserver un atout fort précieux, la crédibilité. En plus, les Québécois doivent maintenir leur confiance à son égard. Il a certainement une bonne réserve de cette confiance, les citoyens exprimant majoritairement une certaine satisfaction depuis le début de son mandat, il y a deux ans. Mais sans quelques précautions, cette confiance pourrait s’effriter.

Il faut jeter un œil ailleurs afin de décortiquer la manière dont la communication a été gérée dans certains pays. Bien des endroits gouvernés par des femmes se démarquent : Saint-Martin, Taïwan, Allemagne, Danemark et Nouvelle-Zélande.

Le cas de ce dernier pays est particulièrement intéressant, surtout qu’il a été étudié. On relève les qualités et la grande compétence de la première ministre Jacinda Ardern, qui, comme d’autres, a dû imposer des mesures sanitaires strictes. Le leadership des femmes est souvent marqué par l’empathie et la capacité d’établir un contact émotionnel authentique avec les autres. Des qualités importantes lors d’une pandémie alors que les niveaux de stress, d’inquiétude et d’incertitude sont élevés.

La première ministre Ardern a communiqué de différentes façons avec la population. On parle d’un mélange d’allocutions solennelles devant le Parlement, de points de presse, de baladodiffusions, mais surtout du recours à une plateforme comme Facebook pour interagir directement avec les citoyens et même répondre à leurs questions. Cela, donc, sans le filtre des médias. Elle a compris que cette plateforme n’est pas unidirectionnelle et favorise l’échange. Sa page Facebook regorge d’ailleurs de vidéos qui démontrent ce désir de garder contact, de rassurer.

Pour un leader, communiquer en temps de crise n’est pas banal. Les mots utilisés et le ton auront un effet sur la confiance des citoyens et sur leur perception de la réalité. Au Québec, ce ton est souvent dramatique, voire alarmiste.

Les autorités parlent de vie ou de mort, de guerre, de zone rouge, de barrages policiers, on nous supplie, le tout grandement amplifié par les médias, menant parfois à une forme de distorsion de la réalité. C’est sans compter la dernière campagne publicitaire présentant des cas réels. La peur, on le sait, est une émotion de base. Elle est importante dans certaines situations pour nous faire agir. Mais en alimentant sans cesse ce discours, le gouvernement risque de perdre l’adhésion des Québécois. On voudra décrocher. Mal balancée, la peur n’est plus efficace. À trop crier au loup…

Autre fait à noter, Jacinda Ardern a teinté son discours de moments plus positifs expliquant de petits succès qu’elle avait noté. Cela démontre l’importance de se projeter dans l’avenir, de montrer que la crise finira par passer. C’est aussi le rôle du leader de donner espoir, de contrebalancer le discours négatif. Aux États-Unis, par exemple, certains bulletins d’information se terminent toujours par un moment positif lié à la COVID-19. Une chose qu’on ne voit pas chez nous.

François Legault est celui, comme tout leader en temps de crise, qui doit communiquer, et ce, en misant sur la clarté, avec confiance, en sachant persuader avec empathie.

Il doit donc éviter que quiconque vienne embrouiller le message et nuire à ses efforts. Le premier ministre qui interpelle le journaliste Gérald Fillion en privé sur Twitter pour critiquer un reportage n’envoie pas un bon signal. Même chose pour la trop grande fréquence des points de presse. Les journalistes vont à droite et à gauche, vous obligeant à dévier de votre message. Oui, évidemment, leur travail est important. Mais plus vous faites de ces points de presse, plus vous risquez la confusion du message. Il faut mieux équilibrer la communication.

Le premier ministre devrait-il impliquer davantage une femme de son entourage ? Peut-être. Le but ultime est que les Québécois gardent confiance en étant écorchés le moins possible sur les plans émotif et psychologique.

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