Pourquoi les nouvelles préposées aux bénéficiaires (PAB) dans les CHSLD, sans aucune expérience, devraient-elles gagner plus que les PAB présentement à l’emploi du ministère de la Santé ?

C’est une excellente question, et, très respectueusement, au risque de me faire tirer quelques flèches par mes futures collègues en tentant de répondre à cette question délicate, j’aimerais vous offrir ces éléments de réponse.

Je dirais que notre société vit une crise sans précédent actuellement et que, dans ce contexte inédit, le premier ministre s’est engagé publiquement à régler une fois pour toutes le problème du manque de préposées aux bénéficiaires dans les CHSLD. Il a donc créé un programme tout à fait spécial et inusité d’un point de vue syndical. Du jamais-vu auparavant, avec des conditions très particulières pour atteindre son objectif. Il a donc demandé aux nouvelles PAB de s’engager à travailler à temps complet (jour/soir/nuit et une fin de semaine sur deux) dans les CHSLD et nous a offert en échange un salaire horaire de 26 $ de l’heure. Je suis confiant que toutes les PAB présentement affectées à temps complet dans les CHSLD vont aussi réussir à obtenir un avantage salarial équivalent au cours de la négociation de leur prochaine convention collective, car logiquement, le contraire serait absolument et totalement inacceptable. Leurs conditions salariales pourraient même être supérieures aux nouvelles PAB en raison de leur expérience par rapport aux nouvelles.

En ce qui concerne les PAB en CHSLD qui préféreraient continuer à travailler à temps partiel pour des considérations familiales et autres, ou simplement par choix personnel, je leur dirais ceci : je ne peux qu’être très sensible à votre égard car vos inclinations naturelles pour la qualité de vie sont tout à fait légitimes et justes. Moi aussi, je préconiserais cette façon de vivre versus un revenu plus élevé, mais pour les 12 prochains mois, je n’aurai malheureusement pas cette latitude. Le temps partiel présente aussi pour l’entreprise l’avantage indéniable d’avoir des employés moins fatigués et plus motivés, avec le simple coût en contrepartie d’avoir à gérer un horaire de travail avec une plus longue liste d’employés.

Néanmoins, le premier ministre a opté pour prioriser le temps complet et même si j’estime que ce problème de gestion des employés à temps partiel n’est absolument pas insoluble pour la gestion, considérant en plus que cela pourrait offrir une qualité de vie non négligeable pour la ressource la plus importante du ministère, soit son personnel, je dois m’en remettre à la décision du patron.

Donc, sans être totalement en accord avec son approche de prioriser le temps complet, je comprends que le salaire horaire de 26 $ de l’heure ne serait pas offert à ceux qui préféreraient conserver leur poste à temps partiel. Bien entendu, toutes les anciennes préposées aux bénéficiaires qui voudraient postuler pour les nombreux postes disponibles à temps complet dans les CHSLD devront avoir la priorité en respect de leur ancienneté par rapport aux nouvelles.

Finalement, et c’est là que je dois lever mon bouclier pour me protéger des flèches, qu’arrivera-t-il des autres PAB qui travaillent ailleurs dans le réseau de la santé ? Même si c’est très difficile à accepter, il serait souhaitable, selon moi, qu’elles gagnent toujours moins que celles en CHSLD, car si toutes les PAB dans le système de la santé gagnent le même salaire, nos CHSLD risquent fort de se vider à nouveau de leur personnel PAB. Cela n’enlève rien au travail tout aussi essentiel et exceptionnel qu’elles font chaque jour avec le même dévouement, mais malgré qu’elles ont toutes ma plus haute estime, il faut parfois faire des choix difficiles en temps de crise, et c’est ce que ce programme spécial de formation des 10 000 PAB au Québec nous impose. En conclusion, pour que le premier ministre puisse arriver à tenir sa promesse, les PAB en CHSLD travaillant à temps complet devront toujours avoir un meilleur salaire que leurs consœurs travaillant ailleurs dans le système de la santé. C’est une simple question de priorité et un choix de société. Je dirais même un sacrifice que nous devons tous faire collectivement pour mieux s’occuper dorénavant de nos aînés.

Et pour les primes salariales ? Là, ce ne sont pas les flèches qui volent, mais plutôt mes oreilles qui bourdonnent. C’est pour moi du charabia syndical, contribuant entre autres à la lourdeur du système de la paie, mais je laisserai les personnes compétentes en la matière en discuter au moment opportun. En espérant toutefois que cela soit le plus tôt possible pour être proactif afin de profiter de l’actuelle accalmie des eaux troubles de la pandémie.

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