Il y a une différence nutritionnelle négligeable entre le saumon sauvage et le saumon d’élevage, mais avec les politiques d’étiquetage du Canada, peu de consommateurs le savent…

La croyance populaire adhère au principe selon lequel le saumon sauvage serait meilleur pour la santé.

Une nouvelle étude de l’Université Dalhousie déboulonne complètement ce mythe. Publiée dans le Journal of Agriculture and Food Research, l’étude révèle qu’au point de vue nutritif, le saumon d’élevage de l’Atlantique se compare à certaines espèces de saumon sauvage.

L’étude a examiné la composition nutritionnelle de six types de filets de saumon : le saumon d’élevage de l’Atlantique, le saumon biologique d’élevage de l’Atlantique, le chinook biologique d’élevage, le chinook sauvage, le saumon sauvage du Pacifique (rose) et le saumon rouge sauvage. Il s’avère qu’une différence existe entre les espèces, et selon que le saumon est biologique ou non. Mais l’origine du poisson, produit de l’élevage ou sauvage, ne fait pas vraiment de différence.

PHOTO DEAN RUTZ, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

« Les règles d’étiquetage au pays ont toujours posé problème et la situation ne s’améliore pas », juge Sylvain Charlebois.

Le hic, c’est que peu de consommateurs pourront distinguer ces différences lors de leur prochaine visite au comptoir de la poissonnerie, puisque l’étiquetage nutritionnel des poissons et des fruits de mer frais n’est pas requis au Canada. Les règles d’étiquetage au pays ont toujours posé problème et la situation ne s’améliore pas.

En effet, les règles aux États-Unis et en Europe servent mieux les consommateurs. Chez nos voisins du Sud et en Europe, on peut retrouver facilement sur l’emballage le nom scientifique de l’espèce, la méthode de production (d’élevage ou sauvage), l’origine géographique du produit et la méthode de récolte. En ayant ces informations, il devient plus facile de reconnaître la valeur nutritionnelle du produit.

Au Canada, à part le nom commun de l’espèce et le nom du pays où la dernière étape de transformation a eu lieu, il y a peu d’information. Et, bien sûr, le peu d’information offert au détail augmente les chances de fraude alimentaire, un problème énorme dans le secteur des pêcheries. Rien pour rassurer les consommateurs.

Surtout, il faut noter que des étiquettes plus détaillées nécessiteraient une meilleure traçabilité de la chaîne d’approvisionnement pour vérifier les allégations de l’emballage. La précision des étiquettes, dont la valeur nutritionnelle, dépend directement de la traçabilité du produit. Mais puisque le monde de la pêche reste ambigu et rempli de secrets, ce n’est pas demain la veille que les Canadiens profiteront d’une plus grande transparence. Tout se passe au large, loin des yeux.

Le nouveau Guide alimentaire canadien encourage la consommation de poisson. De surcroît, presque les trois quarts des Canadiens consomment du saumon. Mais la fréquence de consommation demeure timide. En moyenne, les Canadiens ne mangent du poisson que quatre fois par mois environ. Cette consommation canadienne par personne représente environ 22 kilos de poissons et de fruits de mer par année. La demande stagne depuis quelques années. Selon un sondage de l’Alliance de l’industrie canadienne de l’aquaculture, 79 % des Canadiens choisissent le poisson pour sa valeur nutritive. Cependant, la qualité de l’étiquetage au détail ne les incite pas à faire des choix éclairés.

Pire encore, le saumon génétiquement modifié se vend légalement au Canada depuis 2017. Mais puisque l’étiquetage n’est pas obligatoire, il devient impossible de savoir où il se retrouve dans les supermarchés. Au détail, on assiste à un méli-mélo extrêmement bizarre qui dure depuis fort longtemps.

Au fond, c’est comme si l’industrie estimait les consommateurs pas suffisamment ferrés pour faire la part des choses lors de l’achat de poissons et de fruits de mer. Un peu prétentieux ! Espérons qu’un jour, les consommateurs auront le luxe de juger ce qui est bon pour eux tout en ayant l’information nécessaire sur l’emballage.

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