La crise de la COVID-19 nous aura permis de réaliser l’importance de pouvoir compter sur des infrastructures de télécommunications fiables et performantes, que ce soit pour travailler, s’instruire ou plus simplement se divertir.

Plusieurs des changements observés dans notre façon de vivre depuis trois ou quatre mois sont là pour rester, pensons au télétravail par exemple. Malheureusement, tous les citoyens et toutes les entreprises n’ont pas accès à des infrastructures de télécommunications de qualité à la grandeur du Québec et du Canada. Cela se comprend aisément. Dans les zones plus faiblement peuplées, le déploiement de ces infrastructures, qu’on pense au câble ou à la fibre optique, s’avère coûteux et peu rentable pour les entreprises fournissant les services. C’est pour cette raison que les gouvernements fédéral et provincial ont mis en place au cours des dernières années de généreux programmes de subventions afin d’aider à brancher les petites localités un peu partout sur le territoire.

Toutefois, encore aujourd’hui plusieurs localités ne sont toujours pas branchées et pas seulement en régions éloignées. Même de petites localités situées à quelques dizaines de kilomètres de la grande région de Montréal, en Montérégie ou dans les Laurentides par exemple, n’ont toujours pas accès à des services de qualité. Pourtant, la demande est là, les subventions sont disponibles et plusieurs fournisseurs locaux sont prêts à faire le travail.

Le déploiement de ces réseaux de télécommunications modernes passe par l’utilisation d’équipements appartenant soit à Hydro-Québec soit à Bell, notamment les fameux poteaux de bois. Ces deux entreprises doivent accorder des permissions pour l’utilisation de leurs équipements. Dans certains cas, ils doivent également effectuer des réparations sur certains équipements existants (au frais du demandeur) préalablement à l’installation des nouveaux équipements de télécommunications.

Si Hydro-Québec se comporte de manière responsable dans ce dossier en accordant les permissions et en effectuant les travaux requis dans des délais raisonnables, il semble que ce soit tout le contraire pour Bell. Pourquoi ? Bell a adopté une stratégie commerciale digne d’un autre siècle. Plutôt que de laisser le choix aux clients et affronter cette nouvelle concurrence directement en modifiant ses prix ou en améliorant la qualité de ses services, Bell maintient de manière artificielle des barrières empêchant des concurrents de s’établir dans « ses » marchés. Ce faisant, Bell cherche à protéger les revenus venant de son service de téléphonie traditionnelle, les lignes fixes, et son service de télévision par satellite, des technologies d’un autre siècle.

Sans doute aussi que Bell cherche à accroître la demande pour ses services de téléphonie sans fil, parfois la seule technologie permettant un accès internet plus rapide dans certaines régions, mais sujet à des problèmes de congestion, notamment en période de confinement.

Bien sûr, cette stratégie commerciale est vouée à l’échec à moyen terme, mais entre-temps, Bell brime des milliers de citoyens qui souhaitent avoir accès à des services de télécommunications de qualité. Elle empêche ainsi des entreprises et des localités de se développer. Bref, elle nuit considérablement à la prospérité économique du Québec et du Canada.

Il existe cependant une solution. En échange d’une position de quasi-monopole dans plusieurs marchés, Bell doit se soumettre à une réglementation appliquée par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (le CRTC). Un organisme fédéral, puisque les télécommunications sont une responsabilité fédérale au Canada. Parce que nous sommes en 2020, pour reprendre une expression chère au premier ministre Trudeau, le gouvernement fédéral doit intervenir rapidement et forcer Bell à se comporter correctement.

Comme une partie des subventions au déploiement des infrastructures de télécommunications en région vient du fédéral, il est assez ironique de constater que le gouvernement d’un côté appuie financièrement ce déploiement et de l’autre laisse Bell, une entreprise sous sa juridiction, se comporter de manière cavalière.

La crise de la COVID-19 nous aura permis de constater tous les efforts de nombreuses entreprises au Québec et au Canada pour simplement aider. Certaines se sont mises au développement de respirateurs pour éventuellement sauver des vies alors que d’autres ont revu entièrement leurs chaînes de production pour produire des masques, des blouses ou des visières pour le personnel soignant. Les dirigeants de ces entreprises ont voulu aider du mieux qu’ils le pouvaient et ainsi redonner un peu à la société dans laquelle ils vivent et prospèrent. Il est grand temps que les dirigeants de Bell adoptent la même attitude. Encore une fois, parce que nous sommes en 2020 et que la situation actuelle l’exige.

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