Alors que les Québécois s’évadent en nature à la sortie du confinement, nous réalisons plus que jamais l’importance de notre territoire et des liens qui nous y unissent.

C’est en ce sens que le gouvernement du Québec se doit d’atteindre sa cible de donner le statut d’aires protégées à 17 % de la superficie du territoire terrestre québécois et à 10 % du territoire marin d’ici la fin de l’année. Il en va de la santé de notre population.

En effet, les aires protégées ont le potentiel d’engendrer des bénéfices importants sur la santé, et ce, tout particulièrement si elles sont accessibles pour la population, peu importe la région et le niveau socioéconomique.

C’est ce qu’établit un rapport récent produit par La planète s’invite en santé et appuyé par la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), Nature Québec et la Fédération des kinésiologues du Québec.

2020, l’année des aires protégées

2020 est une année charnière pour la biodiversité et la lutte contre les changements climatiques au Québec avec la date butoir pour les cibles de création d’aires protégées. Malheureusement, un triste constat s’annonce : ces cibles ne seront probablement pas atteintes.

Pourtant, de nombreux bénéfices sont attribués aux aires protégées. Le gouvernement du Québec en mentionne d’ailleurs plusieurs : bénéfice environnemental, écologique, scientifique, éducatif, social, culturel, spirituel et économique. Il oublie de mentionner un pilier majeur, celui de la santé humaine.

2020, l’année de la santé

La santé des Québécois a été mise à l’épreuve avec la pandémie. Or, l’Organisation mondiale de la santé le rappelle : protéger la nature est essentiel pour la santé humaine, réduisant le risque d’émergence de nouvelles zoonoses comme le virus de la COVID-19. Par ailleurs, au Québec, l’inactivité physique est présente chez plus de 30 % de la population québécoise de plus de 15 ans et les problèmes de santé mentale et de maladies chroniques prennent toujours de l’ampleur.

Dans ce contexte, il apparaît prioritaire de reconnaître que les aires protégées font partie de la solution. Effectivement, elles contribuent à notre santé en permettant une exposition à un territoire favorisant l’activité physique et la santé mentale, en limitant l’impact des changements climatiques, en protégeant la biodiversité, en réduisant les coupes de forêt nuisibles aux cours d’eau et en limitant l’impact d’une exploitation d’hydrocarbures.

Le gouvernement du Québec a donc tout intérêt à atteindre ses cibles d’aires protégées en raison des bénéfices majeurs qui y sont associés et devrait être plus ambitieux encore.

Par exemple, le gouvernement fédéral s’est engagé à suivre une cible de 25 % d’ici 2025 et de 30 % d’ici 2030 pour sa superficie terrestre et océanique.

À cet égard, la création d’une aire protégée pour les monts Chic-Chocs de la réserve faunique de Matane constitue un excellent exemple. Ce territoire québécois exceptionnel doit être préservé de l’impact durable des activités industrielles. Ce projet pourrait rapidement bénéficier de l’attribution d’un statut d’aire protégée de catégorie III de l’Union mondiale pour la nature (UICN), soit une réserve de biodiversité.

En tant que professionnels de la santé, la santé humaine est au cœur de nos considérations. Nous savons qu’elle l’est également pour les populations que nous desservons. Aujourd’hui, nous demandons au gouvernement du Québec de prendre ses responsabilités face aux objectifs d’établissement des aires protégées qu’il s’est lui-même fixés.

Plus encore, nous recommandons que ces aires soient plus accessibles à la population, et ce, en tenant compte de la localisation géographique et des aspects sociaux limitant l’accès à ces territoires de qualité. Il en va de la santé et du bien-être de l’ensemble des Québécois.

Signataires : Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec ; Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), et Marc-Antoine Pépin, vice-président de la Fédération des kinésiologues du Québec

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