À l'attention de Jean Boulet, ministre du Travail, d’André Lamontagne, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, et du Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique

Messieurs, bonne nouvelle pour les restaurateurs du Québec : ils vont pouvoir reprendre du service.

Pour la plupart des restaurateurs, ce qui compte avant tout, c’est le contact avec les clients. Au Québec, nous avons la chance d’avoir un public curieux et avide d’expériences culinaires. Cela n’empêche pas que le monde de la restauration reste un milieu particulièrement fragile, même en redoublant d’efforts et d’inventivité pour se tenir à flot durant ces temps incertains.

Aujourd’hui, les restaurateurs sont concentrés sur la réouverture puisque d’ici deux semaines, toutes les salles à manger du Québec vont ouvrir à nouveau. Il y a toutefois un éléphant dans la salle à manger… c’est la fameuse règle des deux mètres.

De toute évidence, cette règle évolue presque plus vite que le menu d’un restaurant populaire. Au début de cette pandémie, il était question d’une distance d’un mètre, puis entre un et deux mètres, puis maintenant de deux mètres. On pourrait dire que les explications quant aux choix de cette distance de deux mètres sont elles aussi à plus de deux mètres de notre compréhension.

Entendons-nous bien : plus nous sommes loin les uns des autres, moins nous sommes à risque. On est bien d’accord là-dessus.

Par contre, la France vient d’autoriser la réouverture de plus de 200 000 restaurants et cafés en imposant un mètre de distanciation physique, mais en appliquant aussi d’autres règles : présence de gel hydroalcoolique, affichage clair, limite de convives par table, modes de paiement sans contact, etc.

Cette décision de la capitale mondiale de la restauration reflète très bien les résultats d’une étude canadienne, commanditée par l’Organisation mondiale de la santé et publiée récemment dans The Lancet, qui démontre que le risque d’attraper la COVID-19 diminue de 80 % lorsqu’on se situe à au moins un mètre de distance.

Est-il exagéré de proposer que d’autres mesures de protection physique puissent permettre d’assouplir la règle des deux mètres ? Au nom de la prudence, l’exigence stricte des deux mètres dans les restaurants donnera peu de chances aux restaurateurs de survivre.

Si nous souhaitons réellement soutenir l’industrie pour surmonter cette crise et préserver les restaurants qui créent la vitalité dans nos rues, donnons-leur les moyens de le faire et faisons confiance à la créativité des restaurateurs pour mettre en place des mesures sécuritaires pour leurs clients, pour leurs employés et pour eux-mêmes.

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