Il fut un grand Montréalais. À mes yeux, il fut le meilleur président du comité exécutif de la Ville de Montréal. Ni avant ni après, il n’y aura eu de personnalité qui aura autant fait sa marque dans la gestion municipale. Il est la source de nombreuses initiatives majeures.

Comme il me l’a dit dans les années 90, Yvon Lamarre a consciencieusement préparé sa présidence. Il a planifié ses actions futures avec ses collaborateurs. Il avait un plan de match, comme on dit dans le milieu sportif.

Après les grands projets du maire Drapeau, il fallait faire un virage politico-administratif.

Comme l’a souligné Luc Hétu dans son livre Une ville sous tutelle, « l’arrivée d’Yvon Lamarre à la présidence du comité exécutif semble réorienter les objectifs de l’administration municipale, qui s’intéresse à l’aménagement d’infrastructures locales, la construction de nouveaux logements, la création de maisons de la culture et la revalorisation des quartiers ».

À son arrivée à la tête du comité exécutif en 1978, Montréal est en piètre état. La récession économique bat son plein ; taux de chômage élevé, fermetures d’usines, exode de citoyens vers la banlieue, nombreux résidants vivant près du seuil de la pauvreté ou de l’aide sociale, déclin des artères commerciales, etc.

Yvon Lamarre s’attelle à la tâche en voulant redynamiser le développement économique, le développement résidentiel et la qualité de vie dans les quartiers.

Il crée la Commission d’initiative et de développement économique de Montréal, cette dernière ayant le mandat de mettre en place des programmes de soutien à l’industrie (parcs industriels), à la consolidation des artères commerciales locales et au secteur touristique. Plusieurs des actions entreprises ont du succès.

Pour contrer l’exode des résidants, il crée le programme 10 000 logements, qui, avec son succès, devient vite le programme 20 000 logements. En créant une société paramunicipale, il fait une percée majeure dans le développement du logement social, tant pour les plus démunis que pour les personnes souffrant d’un handicap.

Sur le plan culturel, il innove avec la construction des Maisons de la culture (salles d’expositions et bibliothèques) avec le soutien financier du ministère de la Culture du Québec.

Il signe une entente avec ce même ministère pour la mise en valeur du Vieux-Montréal et de sa rénovation. Avec la création des grands festivals au début des années 80, la ville accorde son soutien technique et financier.

Il s’attaque aussi à l’amélioration de la vie de quartier. Il soutient les organismes communautaires (sports et loisirs), améliore le mobilier urbain (nouveaux lampadaires – style roco-lamarre, dit-on), développement de programmes d’embellissement (fleurir Montréal). Il implante les premières pistes cyclables. Il œuvre aussi à la création des grands parcs régionaux (CUM), la création du parc du canal de Lachine et l’ajout d’espaces verts dans les quartiers.

Mais il y a une cause qui lui tient vraiment à cœur : améliorer les conditions de vie des personnes souffrant d’un handicap. Il impose la réfection des trottoirs pour installer des rampes d’accès à chaque coin de rue. Il cherche à améliorer l’offre de services de transports adaptés à la STCUM (aujourd’hui STM). Il améliore l’accessibilité aux logements.

J’ai côtoyé Yvon Lamarre au conseil municipal pendant quatre ans. J’étais de l’autre côté de la salle dans l’opposition. Malgré certaines divergences, j’ai toujours eu un grand respect pour cet homme d’action.

Je ne connais pas le gestionnaire public qu’il a été. Je ne peux me prononcer sur cet aspect, mais je reconnais en lui un homme de vision pour l’avenir de la ville. Personne après lui ne saura insuffler autant d’innovation et de progrès. Ils ne feront que des ajustements mineurs de ces politiques.

Merci, Monsieur Lamarre, pour votre dévouement pour Montréal et les Montréalais et Montréalaises.

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