Depuis quelques semaines, de nombreux groupes de femmes ont fait ressortir à quel point elles sont nombreuses et majoritaires à faire partie des services dits essentiels. Sur elles repose la survie d’un monde qui démontre ses limites, et les effets de la pandémie en est une illustration parmi d’autres.

Du Réseau des femmes en environnement qui a rassemblé près de 2000 femmes de tous horizons au collectif international 2GAP qui regroupe 40 réseaux de professionnelles, en passant par les analyses de Louise Champoux-Paillé et Yolande Cohen dans un dossier COVID-19 de la Gazette des femmes, celles de Noémi Mercier dans L’actualité ou de Rima Elkouri dans La Presse et d’autres encore, le message est clair : les femmes ne veulent pas d’un retour au monde « normal » qui fait reposer la richesse des uns sur la pauvreté, l’exploitation et la discrimination des autres.

> Consultez le site du Réseau des femmes en environnement
> Consultez le site du collectif international 2GAP
> Consultez l’article « Une crise genrée exige une réponse genrée » dans L’actualité
> Consultez la chronique de Rima Elkouri « Plus de pain et plus de roses »

Soignantes, préposées au bénéficiaires, éducatrices, caissières, proches aidantes, elles sont au front, comme elles le sont depuis toujours, et ceci est connu depuis longtemps. Avec des conditions de travail difficiles – comme l’ont révélé de nombreux témoignages –, elles peinent à garder leur emploi et à s’occuper de leurs enfants ou de leurs parents.

Aussi, il est impensable que, pour planifier la relance économique, le gouvernement n’ait pas intégré des visions de femmes.

Le comité annoncé regroupe des ministres du travail (Jean Boulet), de l’Économie (Pierre Fitzgibbon), des finances (Éric Girard), et le président du Conseil du trésor (Christian Dubé), ainsi que le premier ministre François Legault. Sans vouloir minimiser leurs compétences, celles-ci ne seront pas suffisantes pour voir les angles morts que causent les inégalités de système (de race, de genre, de handicap, de classe).

L’apport des politiciennes

Le consensus québécois, notamment depuis la dernière élection provinciale, a démontré que la population souhaite un gouvernement paritaire. L’élection de 2018, au cours de laquelle un grand nombre de femmes ont été élues, est un immense progrès.

Mais la question que je me pose aujourd’hui est la suivante : pourquoi faire la parité si l’apport des femmes n’est pas considéré dans la situation actuelle ? Des femmes remarquables et engagées forment près de la moitié du parlement, le conseil des ministres est formé de 50 % de femmes, comment se fait-il alors que la relance économique ne tienne pas compte de leur expérience et de leurs points de vue ?

Une relance sans recul SVP

À l’égard de l’égalité, le projet de loi que propose le gouvernement afin d’accélérer la relance économique est inquiétant : ce qui est favorisé par cette intention, ce sont les projets de construction, de trains, de bâtiments, d’infrastructures. Or ne sait-on pas, pourtant, que ce sont des secteurs principalement occupés par des hommes aux salaires élevés, contrairement à d’autres, ceux où œuvrent les femmes au bas de l’échelle, et qui viennent de perdre le peu qu’elles avaient déjà ?

Je me demande alors : pourquoi donc avoir réalisé la parité ? Nous ne voulons pas des femmes en politique pour simple souci cosmétique ou numérique, mais parce que leur vision, leur contribution et leurs compétences comptent.

C’est en temps de crise que le gouvernement démontrera s’il est réellement engagé dans la réalisation de l’égalité et si les conditions de vie de toutes les femmes s’amélioreront vraiment.

Pour le moment, la « relance » paraît miser sur un recul, et cela fait craindre le pire.

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