L’article publié récemment concernant le Comité technique ad hoc sur les semences traitées aux insecticides de l’Ordre des agronomes du Québec (OAQ) pour revoir l’usage des pesticides nécessite des rectifications et des précisions importantes.

Il est erroné d’affirmer que des agronomes, dont l’objectif est de représenter l’Association des marchands de semences du Québec, siégeront sur ce comité. Par ailleurs, si certains agronomes proviennent de l’industrie, il est clair que ce sont leurs expertises agronomiques qui sont requises et qu’ils ne représentent aucunement leur organisation respective. Ces agronomes feront également équipe avec ceux du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) et du ministère de l’Agriculture et des Pêcheries du Québec (MAPAQ), ainsi que ceux du milieu de la recherche.

D’ailleurs, l’OAQ considère regrettable que l’Union des producteurs agricoles (UPA) ait refusé qu’un de leurs agronomes fasse partie de ce comité, l’UPA remettant en question son indépendance. Soyons clairs, l’Ordre n’a jamais invité l’UPA à siéger sur ses comités d’experts. Ce sont plutôt des agronomes experts qui sont régulièrement invités par l’OAQ. De plus, c’est à la demande du MELCC et du MAPAQ que ce comité a été créé, avec la collaboration de l’OAQ.

Comme organisme indépendant, dont le mandat de protection du public est confié par l’État, l’OAQ a, depuis des décennies, contribué à l’intégration des principes de développement durable en agriculture. La science agronomique a en effet joué un rôle clé en apportant des solutions aux enjeux de société. Comme tout ordre professionnel, ses travaux et sa contribution se concrétisent à travers des comités qui établissent notamment, des lignes directrices. Également, l’Ordre participe à des consultations en élaborant et présentant des mémoires dans le cadre de la mise en œuvre de règlements et de lois. Les pesticides, l’aménagement du territoire, la production porcine et le bien-être animal n’en sont que quelques exemples. Pour ce faire, nous faisons appel à l’ensemble du savoir en agronomie qui se veut objectif, car basé sur la science. Ceci constitue notre seule caution.

L’année 2018 a marqué un tournant majeur pour la Stratégie phytosanitaire du Québec : l’entrée en vigueur de la mise à jour du Code de gestion des pesticides imposant un cadre d’utilisation plus restrictif à cinq ingrédients actifs utilisés comme pesticides en agriculture. Bien que la première année d’implantation d’une nouvelle réglementation soit une période d’adaptation qui ne permet pas de mesurer de façon adéquate son plein impact, d’importants progrès ont été réalisés. Cette nouvelle réglementation et l’obligation d’obtenir une prescription agronomique ont démontré une réduction de 40 % de l’utilisation de l’Atrazine, comparativement à l’année 2017. Cette donnée sera assurément plus élevée, car elle est préliminaire ; l’ensemble des données de vente de pesticides n’étant pas encore compilée. Cette molécule arrive au premier rang sur le plan des ingrédients actifs, contribuant le plus au risque pour l’environnement et la santé. Elle est fréquemment détectée dans les rivières suivies par le MELCC et est essentiellement utilisée dans la culture du maïs.

À l’instar de la ligne directrice sur l’utilisation de l’Atrazine, aujourd’hui, le comité ad hoc recherche des solutions scientifiques éclairées et viables pour les producteurs afin de réduire l’usage des semences traitées aux insecticides, toujours dans le cadre du Code de gestion des pesticides. Les résultats de ce comité seront approuvés par le MELCC, le MAPAQ et l’Ordre. Ils répondront aux exigences réglementaires et aux objectifs gouvernementaux en matière de réduction de l’usage des pesticides.

Nous espérons que l’UPA reconnaîtra le bien-fondé de la démarche agronomique et reviendra sur sa décision en permettant à un de ses agronomes de contribuer aux travaux du comité. Cette démarche nécessite un engagement commun pour atteindre les objectifs de réduction de l’usage des semences traitées aux insecticides. Il s’agit de protéger le public et la santé humaine.

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