Le 22 octobre, le ministère de la Famille tiendra une journée de consultation sur les suites à donner au Plan d’action concerté pour prévenir et contrer l’intimidation 2015-2018.
Cette journée regroupera les différents acteurs concernés par la lutte contre l’intimidation et la cyberintimidation. Elle se déroulera sous forme d’ateliers de travail et servira à dégager de nouvelles pistes d’action afin de trouver des solutions durables à ces phénomènes.

Si l’initiative mérite d’être soulignée, il aurait été souhaitable que le gouvernement du Québec nous présente au préalable les résultats de l’évaluation du Plan 2015-2018. La Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais a investi des sommes importantes dans l’une des mesures, « Les grandes rencontres ». Ces résultats constituent les meilleurs indicateurs – les plus probants – afin de déterminer les nouvelles orientations et mesures à prendre.

Manque de formation

Le dernier plan concerté devait revoir la formation des maîtres, car la Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif de l’Université Laval a dévoilé, en 2014, un mémoire dans lequel on a appris que 80 % des enseignants n’avaient pas reçu de formation initiale pour intervenir dans les dossiers de violence et d’intimidation. En effet, selon l’enquête réalisée par l’équipe de la chercheuse Claire Beaumont auprès de 3200 professeurs, 80 % d’entre eux au primaire et 83 % des enseignants au secondaire n’ont pas reçu de formation de base dans ce domaine. Depuis ce temps, cet objectif du plan concerté n’a pas été réalisé.

Cela dit, le plan d’action 2015-2018 a eu plusieurs bénéfices mesurables. Certaines recherches mesurent une légère baisse de la violence et de l’intimidation dans les milieux éducatifs, bien que cette amélioration reste encore insuffisante. Pourquoi ? Parce que le parent pauvre de l’école publique québécoise reste encore à ce jour l’axe de socialisation. 

Rappelons que les trois grands axes de la mission de l’école québécoise sont : instruire, socialiser et qualifier. La violence et l’intimidation sont, entre autres caractéristiques, des problèmes émotionnels et relationnels auxquels il faut apporter des réponses émotionnelles et relationnelles, notamment au moyen d’interventions éducatives visant le développement de ces compétences sociales.

Voilà pourquoi nous demandons au gouvernement du Québec de revoir rapidement son approche en matière de violence et d’intimidation dans les milieux éducatifs en abordant les saines habitudes de vie émotionnelles et relationnelles à l’école.

Nous recommandons aussi d’investir massivement dans des mesures éducatives préventives, pas seulement en réaction à des problématiques, permettant aux enfants et aux adolescents de développer des compétences émotionnelles (alphabétisation des émotions et des besoins, gestion émotionnelle, etc.) dès la petite enfance. Il est urgent de former les milieux, les futurs enseignants et tous les intervenants scolaires à l’importance des apprentissages sociaux. Plus que jamais, les saines habitudes de vie émotionnelles et relationnelles doivent faire partie du spectre des saines habitudes de vie, telles que la saine alimentation et l’activité physique.

Nous recommandons au gouvernement de travailler à partir des données obtenues à la suite de l’évaluation du dernier plan concerté comme le font les écoles lorsqu’elles doivent réévaluer leur plan de lutte contre la violence et l’intimidation. À une certaine époque, au Québec, nous parlions de décrochage scolaire et, aujourd’hui, nous parlons de persévérance scolaire. En ce sens, le fait d’aborder la violence et l’intimidation de façon positive, voire préventive, est essentiel afin de créer des milieux bienveillants et sécuritaires. 

L’UNESCO indique, dans son rapport annuel 2018, que la priorité mondiale jusqu’en 2030 en termes de développement des compétences du XXIe siècle, est d’amener les milieux éducatifs à mettre en place une approche axée sur les apprentissages sociaux et émotionnels pour prévenir la violence, l’intimidation, les problèmes de santé mentale, le décrochage scolaire et les dépendances à l’alcool et aux drogues.

Alors, qu’attendons-nous pour agir ?

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