Une fois par mois, un camelot de L’Itinéraire se joint à Débats pour se raconter, critiquer, s’insurger. Aujourd’hui, le portrait de Francine Duffy.

Francine est née à Montréal. Durant sa jeunesse, les étés chez sa grand-mère, à Saint-Calixte, lui apportent joie et sérénité. C’est aussi une enfant qui réussit très bien à l’école.

Après ses études, elle décide de partir enseigner en Ontario ainsi que dans le nord du Québec, à Chapais, Fort-Rupert, Eastmain, Chisasibi, Puvirnituq. « Les autochtones m’ont rendu la joie de vivre et ça m’est resté. » Elle se fait des amies avec qui elle passe du bon temps. « C’était la fête. » Cette aventure formidable a duré six ans et elle garde de ces années une grande nostalgie.

Elle revient à Montréal pour vivre son grand amour et donne alors naissance à sa fille Catherine. Le divorce arrive peu de temps après et provoque chez elle un fort sentiment d’insécurité qui l’amène vers la dépression. « J’ai entendu des voix… c’était le jour de mon anniversaire. »

Elle doit donc cesser l’enseignement pour s’occuper de sa fille et prendre soin d’elle-même. Elle parvient à calmer les voix avec très peu de médication et son médecin qualifie son rétablissement de « victoire de la psychiatrie ».

Lorsque sa fille a 6 ans, elle tente un retour au travail en bureautique dans la fonction publique municipale. Des coupes budgétaires l’obligent à quitter son emploi. « De toute façon, ce n’était pas mon bag. »

C’est là qu’elle se retrouve sans domicile fixe, sous curatelle.

« J’étais dehors, mais j’ai fini par m’en sortir. C’était comme un miracle. » 

Francine a une grande foi en Dieu ; c’est ce qui l’aide à passer au travers, mais c’est aussi grâce à l’intervention de sa fille, qui vit maintenant avec elle. « Ma fille a toujours cru en moi. » C’est elle qui l’encourage à aller travailler à la Maison des amis, dans la friperie. « Là, j’ai retrouvé la joie et le bonheur, entourée de gens bienveillants, positifs et encourageants. »

À 65 ans, elle quitte la Maison des amis. Pour boucler son budget, elle se joint à l’équipe de camelots de L’Itinéraire. La vente n’est cependant pas sa force. « Avec L’Itinéraire, je prends confiance en moi. C’est une forme de thérapie positive où tout doit bien aller. »

Sa relation avec les gens de L’Itinéraire vient ajouter à son quotidien une raison de plus d’avancer. « Tout ce qui compte dans la vie, c’est qu’on garde le cap, qu’on ne soit pas limité par les autres, ou autrement par soi-même. »

* Le texte est d’Anita Barsetti, bénévole à la rédaction de L’Itinéraire.

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