À bout de souffle, les travailleurs de la santé méritent une juste reconnaissance

Dans une récente sortie pour le moins inhabituelle, sinon carrément malvenue, alors que les négociations avec le secteur public ne sont même pas officiellement entamées, le premier ministre François Legault a pris à partie les syndicats, leur prêtant l’intention de vouloir faire main basse sur les surplus dans leur propre intérêt et au détriment de l’ensemble des Québécois. 

Son intention à lui ? Utiliser les surplus pour réaliser les promesses électorales de la CAQ !

De tels propos nous poussent à réagir vigoureusement. Nos deux organisations ont décidé de former une alliance en vue de ces négociations, qui commenceront d’ici quelques semaines. Nous serons d’emblée très claires : quoi qu’en dise M. Legault, l’APTS et la FIQ ne représentent pas leur propre intérêt dans ces négociations, mais celui de 131 000 professionnels en soins ainsi que professionnels et techniciens qui travaillent dans le réseau de la santé et des services sociaux.

Ces 131 000 Québécois – près de 90 % sont des femmes – portent le réseau à bout de bras depuis des années pour offrir des soins et des services de qualité à l’ensemble de leurs concitoyens. 

Des soins et des services que la population apprécie ; une population qui sait reconnaître la valeur et le mérite de leur travail. D’ailleurs, si le réseau s’attire encore autant de confiance, c’est en grande partie à elles et à eux qu’on le doit.

Ces 131 000 travailleurs ont payé très cher – de leur niveau de vie, de leurs conditions de travail et même de leur santé – les mesures d’austérité que les gouvernements successifs leur ont enfoncées dans la gorge ces dernières années. L’austérité, c’est sur leur dos qu’elle s’est faite : compressions budgétaires, surcharge de travail, temps supplémentaire obligatoire, pénurie de personnel, etc. Le thème qu’ils ont choisi pour ces négociations est d’ailleurs évocateur à cet égard : « Travailler à se rendre malade, c’est terminé ! »

Juste reconnaissance

Ce que nous réclamons aujourd’hui en leur nom, c’est une juste reconnaissance du rôle essentiel qu’ils jouent dans le réseau. Et cette lutte que nous menons pour l’obtention de meilleures conditions salariales et de travail vise également à s’assurer de fournir à nos membres les moyens nécessaires pour offrir des soins de qualité, sécuritaires et accessibles, à la population.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La présidente de la FIQ, Nancy Bédard, lors d’un point
de presse tenu en avril dernier, alors qu’elle dénonçait
le recours systématique au « temps supplémentaire obligatoire » dans le secteur de la santé.

Faut-il rappeler que le premier ministre reconnaissait dans son discours du trône, l’automne dernier, que les employés du réseau avaient été « durement éprouvés » et que son nouveau gouvernement comptait avancer avec eux « un pas à la fois, main dans la main » pour « améliorer concrètement la situation ». Avec sa récente sortie, on en est loin. On est surtout loin d’une dynamique de négociation constructive.

Ce que nos gens souhaitent, ce n’est pas le beurre et l’argent du beurre. Ils demandent à négocier en bonne et due forme, comme le prévoient les règles et les pratiques d’usage. 

Ils demandent que l’exercice se fasse sous le signe de la bonne foi et non sous la forme d’un itinéraire tracé d’avance et dont la destination est déjà fixée : « Chers passagers, serrez-vous la ceinture, l’atterrissage se fera au même endroit : l’austérité. »

On invite donc le premier ministre à une plus grande retenue et à ne pas court-circuiter le jeu de la négociation. Par respect pour les Québécois qui travaillent dans le réseau et qui veulent non seulement améliorer leur sort, mais aussi contribuer à un meilleur système de santé et de services sociaux.

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