Si les canettes ou les bouteilles étaient plaquées en or et consignées à 100 $, les pourcentages de retour seraient fabuleux, ainsi que l’illustre Walter Stahel, un des visionnaires qui ont conceptualisé les fondements de l’économie circulaire.

La priorité de l’économie circulaire est de focaliser sur les R : réutiliser, réparer, réusiner, reraffiner et reprogrammer. Le but est de tenter de conserver un maximum de valeur ajoutée et de minimiser les ressources matérielles et l’énergie réinsérées dans le produit à chaque étape et à chaque réutilisation.

Seulement en deuxième étape, après les R, cible-t-on les D : pour défaire, dépolymériser, déconstruire, délaminer et désenrober, dans le but de récupérer et purifier les atomes et les molécules constituant les produits afin de les réutiliser comme matières « premières » pour en produire de nouveaux.

En appliquant ces concepts aux bouteilles et aux divers emballages, la priorité doit donc être de laver et de réutiliser les contenants au maximum, puisque c’est ainsi qu’on réduit notre utilisation de ressources (moins d’énergie et de matériaux) plutôt que récupérer la matière première pour recommencer le processus de production de la bouteille ou de la canette.

Pour que la consigne fonctionne, il faudrait que la somme soit suffisante pour que la motivation économique des usagers soit réelle.

La consigne est apparue à 5 cents dans les années 70 pour les boissons gazeuses ; avec l’indexation, on pourrait facilement augmenter la consigne à 25 cents pour les portions individuelles et à 1 $ ou plus pour les plus grosses portions.

Pour les produits déjà consignés, ces changements peuvent être mis en place très rapidement. Par contre, il y a des iniquités : pourquoi les canettes de cidre ne sont-elles pas consignées comme les bouteilles de bière ? Pourquoi toutes les boissons gazeuses, mais pas tous les jus ?

Généraliser la consigne

Il faut bien réfléchir à la mise en place d’un système beaucoup plus généralisé de consigne pour tous les produits liquides. Les laitiers d’antan réutilisaient les pots de lait ; la technologie existe certainement !

Il faut mettre en place un échéancier à moyen terme pour qu’initialement tous les liquides, mais ensuite les emballages de tous les produits (et même les produits en fin de vie) soient assujettis à une forme de consigne.

Plusieurs intervenants sont inquiets. Il n’est certainement pas obligatoire que le retour des contenants consignés soit fait au lieu de vente, mais il est primordial que tous les coûts associés au retour soient imputés aux producteurs qui mettent les produits en vente.

C’est seulement si l’impact économique est lié au choix des fabricants et des distributeurs qui sont responsables de ces choix qu’on pourra favoriser l’émergence d’une économie basée sur la performance. Il faut laisser libre cours aux différentes initiatives pour que les idées les plus favorables et les plus compétitives émergent. 

Le verre est-il préférable au métal ? Certains polymères seraient-ils plus performants ? Doit-on plutôt changer le concept de vente au détail pour favoriser le vrac et le libre-service avec les propres contenants du consommateur ?

Embarquer dans une consigne élargie permettrait de réduire considérablement le problème du débordement des sites d’enfouissement.

De plus, il y a certainement une expertise et un marché à développer qui a déjà démarré en Europe : le Québec gagnerait à positionner ses producteurs et à développer l’expertise pertinente en visionnaire plutôt que d’attendre que la consigne devienne systématique à l’international, et qu’on doive se fier à des firmes étrangères pour réaliser ce changement sociétal incontournable.

Pour en savoir plus

Walter R. Stahel, 2019, The Circular Economy – A User’s Guide, Routledge.

Sauvé S, Normandin D, Macdonald M., 2016, L’économie circulaire : une transition incontournable, Les Presses de l’Université de Montréal (offert gratuitement en version PDF).

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion