J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la chronique de Patrick Lagacé du 28 juillet dernier. Comme lui, je me suis déjà posé la question sur la nécessité de voir les incontournables touristiques, ceux que l’on se sent obligé de visiter lorsqu’on a la chance de voyager.

Je déplore l’envahissement de certains lieux par des nuées de touristes et comprends tout à fait les mesures de contingentement et de restrictions imposées pour sauvegarder l’intégrité de ces endroits (Venise, Dubrovnik, Barcelone, la muraille de Chine, etc.). Je pense néanmoins qu’il serait dommage de se priver de ces œuvres d’art et monuments exceptionnels.

Native de Paris, j’y suis revenue dans la vingtaine et j’y ai vécu des moments exaltants, parfois difficiles, des expériences riches qui ont su me forger le caractère !

Étudiante en art dramatique au Cours Florent, je me suis mise à travailler assez rapidement. Les hauts et les bas du métier d’actrice font en sorte qu’il est impératif de savoir gérer ses temps libres. Ma mère, inquiète et protectrice, me répétait souvent : « L’oisiveté est mère de tous les vices ». Je crois que c’est en partie grâce à cette maxime, ou à cause d’elle, que je suis incapable de ne rien faire. J’ai des défauts, mais pas ceux de la paresse et de l’oisiveté !

Bref, comment combler mes temps libres ? Telle une touriste aguerrie, je visitais l’extraordinaire ville de Paris. Il fut un temps où je pouvais affirmer fièrement que je la connaissais comme le fond de ma poche. Paris était une amie qui savait me consoler, m’apaiser. Il me suffisait d’arpenter ses quartiers, ses rues, ses petites places, ses musées, ses monuments ; l’effet était immédiat.

Bien que mes enfants aient connu la Ville Lumière tout petits, ils n’en avaient gardé qu’un vague souvenir et souhaitent y retourner. Est-ce la tristesse de voir Notre-Dame en feu à la mi-avril, ou simplement de réaliser combien le temps passe vite (ils sont déjà ados !), j’ai eu envie de leur faire découvrir mon Paris, mes repères, mais également celui des touristes, c’est-à-dire les fameux incontournables !

Malgré l’attente, la canicule, n’est-ce pas fantastique de monter dans la tour Eiffel et d’y voir Paris à nos pieds ?

PHOTO ALAIN JOCARD, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

« N’est-ce pas fantastique de monter dans la tour Eiffel et d’y voir Paris à nos pieds ? », demande l’auteure.

De comprendre aussi la prouesse technique qu’elle représentait en 1889 ?

Dans un registre très achalandé, une balade fluviale des bateaux Vedettes du Pont-Neuf sur la Seine donne un point de vue vraiment unique des ponts et monuments de Paris !

Le cinquième étage du musée d’Orsay consacré aux peintres impressionnistes est une splendeur absolue qui vaut la peine de patienter en file ! Je suis encore et toujours émue devant des Renoir, Van Gogh, Monet, etc.

Je dois l’avouer, depuis le changement de salle de la célèbre Joconde au sourire énigmatique, la procédure quasi militaire et kafkaïenne du Louvre est un peu pénible. Mais découvrir même brièvement ce chef-d’œuvre de la Renaissance italienne, se replacer dans le contexte de l’époque où Léonard de Vinci innovait par ses perspectives aériennes, sa technique de sfumato, demeure à mon avis un moment fort.

Je pourrais continuer longtemps. Dans d’autres pays, avec d’autres attraits touristiques… Pourquoi s’entête-t-on à voir ces incontournables ? Pour l’Histoire. Celle avec un grand H qui apporte une culture générale incroyable, une ouverture d’esprit, une curiosité, et qui permet aussi de mieux comprendre et d’apprécier le monde qui nous entoure.

Lors d’un voyage, l’idéal n’est-il pas de découvrir certes les incontournables, mais aussi les contournables ? Oui, évidemment !

Ces endroits épargnés du surtourisme possèdent une atmosphère et un caractère tellement particulier et enrichissant.

Parfois l’un n’empêche pas l’autre. Comme en ce début de soirée du mois de juillet, où ma famille et moi déambulions nonchalamment dans les rues. Nous sommes arrivés Place Dauphine dans l’Île de la Cité. Des gens du quartier jouaient à la pétanque. Nous les avons observés quelques instants, puis un vieux monsieur s’est approché de moi : « Vous m’avez l’air d’avoir envie de jouer, mademoiselle, vous venez ? Monique, offre-leur un p’tit verre de rosé ! »

Sous les yeux amusés de mon mari et de mes enfants, ce gentil inconnu m’a appris à jouer à la pétanque. J’aurais bien voulu que le temps suspende son vol sur ce délicieux moment, à deux pas de la cathédrale Notre-Dame, des touristes et de la frénésie parisienne…

> Lisez « Un village tout à fait incontournable »

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