La volte-face de M. Legault concernant la taxe fédérale sur le carbone est un bon exemple de l’absence de conviction environnementale du gouvernement caquiste qui, disons-le franchement, est plus indépendantiste qu’écologiste.

Lors des dernières élections générales, M. Legault avait fait alliance avec M. Trudeau sur la taxe carbone. Il avait même félicité M. Trudeau lorsque celui-ci avait annoncé qu’il imposerait une taxe sur le carbone à l’Ontario, au Nouveau-Brunswick, au Manitoba et à la Saskatchewan.

Sa déclaration sur le « pétrole sale » de l’Alberta aurait pourtant dû nous mettre la puce à l’oreille : M. Legault ne connaît pas le Canada et, surtout, il ne le porte pas dans son cœur. Rappelons qu’il fut pendant l’essentiel de sa carrière politique un indépendantiste convaincu et l’auteur du premier budget d’un Québec indépendant.

À ceux qui tolèrent l’incapacité de M. Legault à se dire fédéraliste, rappelons ceci : lorsqu’il s’agit de l’unité du pays, le premier ministre du Québec ne peut être neutre.

D’ailleurs, comment le gouvernement caquiste peut-il rejeter le « pétrole sale » de l’Ouest et appuyer le projet « Gazoduq » qui transporterait du gaz naturel albertain jusqu’à Saguenay afin d’être exporté ?

Les raisons d’une volte-face

L’inimitié de M. Legault envers le Canada explique sans aucun doute sa volte-face sur la taxe sur le carbone : c’est parce qu’il ne croit pas réellement en l’unité canadienne qu’il arrive à dire une chose et son contraire au gouvernement fédéral comme aux autres provinces.

C’est justement une telle absence de conviction fédéraliste et écologiste qui permet aujourd’hui à M. Legault de s’opposer à la taxe fédérale sur le carbone.

Antoine Dionne Charest

À cet égard, ses arguments comme ceux de sa ministre des Relations intergouvernementales révèlent le manque de conviction du gouvernement caquiste en matière d’unité canadienne.

Pour M. Legault, c’est parce que la taxe sur le carbone empiète sur les compétences des provinces qu’il faut s’y opposer. Or M. Legault avait dit la même chose lors des dernières élections générales pour justifier son appui à la taxe fédérale sur le carbone. Autrement dit, il utilise le même argument pour dire une chose et son contraire.

Que M. Legault veuille se réconcilier avec les provinces de l’Ouest, surtout l’Alberta, après sa déclaration malheureuse sur le « pétrole sale » est compréhensible, mais cela ne devrait pas se faire au détriment de l’environnement et des intérêts du Québec.

Si le respect des compétences des provinces en matière de tarification du carbone était si important pour M. Legault, alors pourquoi ne l’a-t-il pas dit lors des dernières élections ? Et, à plus forte raison, pourquoi n’a-t-il pas agi en conséquence ?

Comment peut-on appuyer l’imposition d’une taxe sur le carbone aux provinces récalcitrantes et, ensuite, retirer son appui à celle-ci ? Quels sont les éléments nouveaux qui permettent de cautionner ceux qui s’opposent à une tarification pancanadienne du carbone ?

Ce qui est dommage avec la nouvelle position de M. Legault, c’est qu’il s’agit d’une réponse à court terme à un enjeu qui requiert des mesures à long terme : la lutte contre les changements climatiques.

Antoine Dionne Charest

Pour sa ministre, c’est parce que la taxe carbone compromettrait la capacité du Québec à contrôler sa tarification du carbone qu’il faut s’y opposer. Non seulement est-ce la première fois qu’on entend parler d’un tel danger, mais il serait invraisemblable que le gouvernement fédéral impose des normes supplémentaires sur le carbone à une province qui possède déjà une taxe sur le carbone.

Même s’il est politiquement payant pour le gouvernement québécois d’affronter le gouvernement fédéral, encore faut-il avoir des raisons légitimes de le faire. Hormis la volonté de se réconcilier avec les provinces de l’Ouest, il n’y a aucune raison légitime de chercher l’affrontement avec Ottawa.

Pourquoi alors une telle volte-face ? Parce que, pour le gouvernement Legault, le Canada n’est pas le pays auquel nous appartenons, mais un défaut de fabrication dont on s’accommode.

Cela n’annonce rien de rassurant pour l’avenir des relations entre le gouvernement caquiste et le Canada et encore moins pour la lutte contre les changements climatiques.

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