C’est ainsi que mon histoire commence. Le jour où je me suis fait peur pour vrai et que j’ai appelé à l’aide. Moi, la fille forte, à qui tout semblait réussir. Sauf que dans ma tête, rien n’allait plus.

Je m’en souviens comme si c’était hier. Il était très tard le soir, j’étouffais, mes idées s’embrouillaient. Une vraie crise de panique. Et puis, pour la première fois de ma vie, j’ai eu peur de ce qui allait m’arriver.

J’ai réveillé ma mère. Au bout du fil, elle a compris rapidement que ça n’allait pas. Elle a réussi à me calmer juste assez pour que je passe la nuit.

Le lendemain matin, je me suis rendue à l’évidence que je n’y arriverais plus toute seule. J’ai envoyé un message à une amie. Elle n’a fait ni un ni deux : dans l’heure qui a suivi, elle était chez moi. Et puis tout s’est enchaîné rapidement : rendez-vous dans une clinique où le médecin m’a envoyée directement en psychiatrie (merci) après avoir vu ma déconfiture et entendu mon récit.

C’est en route vers l’urgence psychiatrique que j’ai finalement lâché prise. Sept longues heures à attendre. Si j’avais été seule, je serais partie après 45 minutes. Mais un ange était à mes côtés ce jour-là.

Quand on a fini par voir l’infirmière clinicienne, j’ai compris tout le poids que je portais sur mes épaules depuis plusieurs années.

Toutes les responsabilités que j’avais, le rythme de vie que je menais et qui n’était pas compatible avec ma situation. Une mère de famille monoparentale en garde exclusive, qui a sa propre entreprise, qui voyage, qui travaille sept jours sur sept, six mois par année, dont les deux enfants font des sports de haut niveau. La recette parfaite pour frapper le mur.

Un tournant

Ce moment, quand je me suis retrouvée démunie dans le bureau du psychiatre, est un tournant dans ma vie. J’avais besoin d’entendre ces mots : « Vous souffrez d’une grave dépression et d’épuisement professionnel. Vous ne pouvez plus maintenir ce rythme. » C’était vrai, je ne pouvais plus. Les deux semaines qui avaient précédé ma crise d’anxiété, je n’arrivais pas à me souvenir de ce que j’avais fait 10 minutes après l’avoir fait. Moi qui avais toujours été hyper performante, je peinais à accomplir une simple tâche en moins d’une heure.

J’ai eu la très grande chance d’avoir accès au bon médicament pour moi rapidement, ce qui n’est pas le cas pour tous. J’ai retrouvé mes pleines capacités mentales et ma joie de vivre. J’ai adapté ma vie en fonction de mon bien-être mental.

J’ai longtemps hésité avant d’accepter de partager mon récit. Même si on parle davantage de la maladie mentale qu’autrefois, c’est un sujet qui demeure tabou. J’ai souvent entendu des commentaires désobligeants à l’égard des gens qui souffraient de maladies mentales. Comme si c’était l’apanage des faibles. C’est totalement faux. Je suis une femme forte, très forte, tellement forte que j’ai eu le courage de lever la main pour ne pas faire partie des tristes statistiques. Et j’ai maintenant aussi le courage de raconter mon histoire pour aider mon prochain.

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