Une des raisons importantes d’étudier l’histoire est de nous éviter de refaire des erreurs. Au Québec, le gaz utilisé pour la production d’électricité est l’histoire d’un éléphant blanc : la centrale de Bécancour. 

La construction de cette centrale a été réalisée en douce, juste après que la mobilisation des Québécois eut permis d’annuler la construction de la centrale au gaz du Suroît. À l’époque, les promoteurs justifiaient sa construction en alléguant des besoins importants en énergie qui ne se sont jamais matérialisés. De 2008 à 2026, nous aurons déboursé collectivement 2,4 milliards de dollars pour la centrale de Bécancour sans que celle-ci livre un seul électron au réseau d’Hydro-Québec.

Les promoteurs de GNL Québec présentent comme une certitude les besoins en gaz pour produire de l’électricité en Europe et Asie. Leur foi inébranlable n’est pas affectée par les déboires récents de General Electric qui s’est fait surprendre par la rapidité de la transition vers les énergies renouvelables plus rentables. 

Les commandes attendues pour la construction des centrales thermiques, notamment au gaz, ne se sont pas matérialisées et la capitalisation boursière de GE a fondu de 193 milliards de 2016 à 2018, pour s’établir à 87 milliards. Heureusement, GE peut compter sur sa division produisant des génératrices d’éoliennes pour sauver les meubles.

Il faut se le rappeler, les énergies renouvelables sont des produits manufacturés dont les prix baissent de manière prévisible chaque fois que l’on double leur production. Le sort qui a été réservé à GE est celui qui attend toute entreprise qui n’a pas compris que derrière les écrans de télévision montrant les jeunes dans la rue, désespérant de leur futur, un bulldozer économique avance impitoyablement et sans bruit sur les énergies du passé. Ce bulldozer multipliera dans le monde les Suroît (les projets annulés) et les Bécancour (les centrales inutilisées).

Le gazoduc et le terminal de GNL constituent ensemble un projet évalué à 14 milliards. Comme les énergies fossiles ne sont plus concurrentielles face aux énergies renouvelables, il était écrit dans le ciel que les promoteurs allaient faire appel au gouvernement et aux fonds de pension pour leurs besoins en capitaux. Mais sommes-nous prêts à mettre à risque autant d’argent ? Ces projets prendront au minimum six ans à construire. Six ans, c’est une éternité quand on pense que GE a vécu une dévaluation de 75 % en seulement deux ans pour avoir misé sur les énergies du passé.

Le piège est là devant nous, les promoteurs nous demandent de fermer les yeux et d’avancer. Ne devrions-nous pas protéger en mémoire la douleur des crocs de la centrale de Bécancour sur notre cheville gauche avant d’avancer le pied droit ?

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