Le maire de Montréal et ses acolytes arborent un sourire triomphant après avoir conclu une entente de 10 ans avec Formula One Management. On justifie les nombreuses subventions publiques par les retombées économiques estimées à plus de 70 millions. Par contre, ces fameuses retombées des événements d'envergure, à qui bénéficient-elles réellement? Le Québec est à l'heure de l'instauration d'un processus défini d'attribution des subventions.

Une retombée économique a autant de définitions que d'interlocuteurs. En général, une retombée économique pourrait être perçue comme une conséquence économique d'un événement. Par contre, on peut sous-entendre des taxes, des ventes, des salaires, des impôts, du rendement sur capital investi, etc.

Un événement peut générer des retombées économiques positives selon les médias; cela ne signifie pas que de nouveaux flux monétaires nets ont été créés pour tous. Par exemple, les retombées économiques locales sont issues de dépenses de citoyens. Lorsque les citoyens dépensent un dollar dans un événement, il reste un dollar de moins dans la caisse familiale pour le poste divertissement. En ce sens, subventionner un événement revient à subventionner un promoteur au détriment d'un autre. On participe au déplacement des flux monétaires, mais en aucun temps à l'augmentation de ceux-ci pour la collectivité.

L'argument des retombées économiques pour un événement comme le Grand Prix du Canada ne devrait être évalué que sur la base des nouvelles entrées de fonds provenant des touristes étrangers. Qui plus est, chacune des parties subventionnaires devrait établir clairement quelles seront les sources de revenus prévues par rapport aux subventions accordées.

Prenons le cas de la Ville de Montréal. Il est d'un consensus général que le Grand Prix du Canada apporte une visibilité mondiale inégalée non seulement de l'événement, mais aussi de la vue d'ensemble de la ville. Par contre, Montréal assumera des travaux de plusieurs millions de dollars en infrastructures au cours des prochaines années.

Est-ce que les flux monétaires de la Ville seront au net positifs? Bien que la subvention et la F1 puissent bénéficier aux commerçants locaux (hôteliers, restaurateurs et autres commerces de détail), est-ce que la Ville recevra un retour justifié sur son investissement? Il ne faut pas oublier que celui-ci provient, de façon importante, des taxes foncières perçues. Ainsi, même si Montréal bénéficie de la visibilité d'un événement, est-ce que les citoyens se verront indirectement attribuer une partie de la facture?

Subventionner le Grand Prix du Canada, le Festival Juste pour rire, le Festival de Jazz ou autre événement devrait faire partie d'un processus établi. Qu'est-ce qu'une subvention raisonnable? Pour répondre à cette question, l'analyse doit être faite par intervenant. C'est-à-dire calculer, pour chacune des parties, les entrées de flux monétaires par rapport aux sorties pour s'assurer d'un rendement sur capital investi soit adéquat ou correspondant aux objectifs de départ. Outre cela, on doit se demander si ladite subvention aurait pu générer un meilleur retour sur investissement dans un autre projet, donc déterminer le coût d'opportunité.

Dans le processus actuel de subvention d'événements, il manque la notion de contrôle. Les instances décisionnelles s'assurent-elles que les retombées correspondent aux attentes initiales? Bien que certains événements soient sous la gouverne d'un organisme à but non lucratif, ce dernier engage parfois une seule et unique société de production appartenant au promoteur de l'événement.

En somme, avant de subventionner un projet quelconque, assurons-nous d'établir un processus rigoureux d'attribution de fonds publics. Parce qu'une subvention n'a pas pour premier but de rendre un promoteur millionnaire, mais bien de faire bénéficier la communauté de retombées marginales aussi financières qu'intangibles. Se rendre esclave des exigences de la décadence financière des Jeux olympiques, de la Coupe du monde de la FIFA ou du circuit de la Formule 1 est, à différentes échelles, un aveu d'asservissement collectif.

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