Ce n'est pas une coïncidence si le ministre québécois des Affaires intergouvernementales, Alexandre Cloutier, annonçait cette semaine la création de la commission nationale d'examen de la réforme fédérale de l'assurance-emploi.

Le dernier budget conservateur, avec ses intrusions dans le domaine de la formation de la main-d'oeuvre, justifie amplement cette annonce. Mais il y a sûrement la volonté du gouvernement péquiste de concrétiser, par cette annonce, sa gouvernance souverainiste.

Cette fin de semaine à Québec, une importante assemblée se tient pour lancer la phase II des États généraux sur la souveraineté. Quelque 500 délégués élus lors des 13 rencontres régionales de la phase I discuteront, entre autres, de souveraineté populaire et de pouvoir constituant, ainsi que de mobilisation et d'action politique. Ce dernier chantier sera l'occasion d'examiner les propositions de démarches et les formes d'action politique et d'éducation populaire, notamment des partis politiques souverainistes.

Lors de cette assemblée, des porte-parole des trois partis souverainistes seront présents et défendront sûrement leur approche: Québec solidaire et son assemblée constituante, Option nationale et son élection référendaire, le Parti québécois et sa gouvernance souverainiste.

En posant un premier geste concret de cette gouvernance avant l'assemblée de samedi, le PQ va au-devant des coups et facilite la compréhension de cette stratégie qui est vue par certains militants comme des mots creux.

Le Parti québécois a tardé à profiter de sa présence au gouvernement pour mieux faire comprendre son programme pour aller vers la souveraineté et le concrétiser par des propositions. Maintenant, qu'on soit d'accord ou non, c'est chose faite. Les partis d'opposition peuvent bien remettre en question la forme de la commission sur l'assurance-emploi, ils doivent reconnaître que la première ministre Pauline Marois a toute la légitimité pour mettre en oeuvre cette stratégie pour contrer les ingérences du fédéral.

Un gouvernement minoritaire doit composer avec les partis d'opposition, c'est pourquoi le ministre Cloutier a spécifié que la mise sur pied d'une telle commission nécessitait «un minimum de consensus». Manifestement, le consensus politique est là avec deux motions unanimes de l'Assemblée nationale contre la réforme conservatrice de l'assurance-emploi.

La politique, c'est l'art du possible dans un contexte de rapport de forces. Le rapport de forces, dans ce cas-ci, se jouera surtout face au gouvernement fédéral. Dans ce contexte, l'appui de la population québécoise va être déterminant. Il est évident qu'une commission qui se promène dans toutes les régions du Québec pour entendre ce que les gens ont à dire sur la réforme de l'assurance-emploi va contribuer à établir ce rapport de forces. Il n'y a aucun mal à mobiliser la population pour empêcher que le fédéral détériore leurs conditions de vie.

Certains vont faire de la petite politique sur le coût de la commission. Ce sont souvent les mêmes qui ne remettent pas en question les 100 millions de dollars par année que coûte le Sénat du Canada. Avec moins de 1,5 million, la commission Duceppe-Marsolais est de l'argent bien investi pour les intérêts du Québec.

Je regrette par contre que la question du rapatriement de la caisse d'assurance-emploi ne fasse pas partie du mandat donné à la commission. Je suis de plus en plus convaincu que c'est un enjeu incontournable pour l'avenir du Québec et de ses travailleurs.

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