Depuis que la ministre Agnès Maltais a annoncé ses modifications à l'aide sociale, beaucoup de gens ont comparé ses mesures à la réforme de l'assurance-emploi mise en place par les conservateurs. Cette comparaison me semble nettement exagérée.

Premièrement, l'aide sociale n'est pas coupée. Ce dont on parle ici, c'est du supplément de 129$ accordé en raison de «contrainte temporaire au travail», c'est-à-dire un supplément reçu parce qu'une personne ne peut pas travailler temporairement pour une raison ou une autre.

Deux de ces contraintes temporaires sont modifiées. D'une part, le gouvernement veut augmenter l'âge des personnes admissibles à ces prestations de 55 à 58 ans. Ce critère avait été établi à une époque où effectivement il était plus difficile de se trouver un emploi à 55 ans. En 2013, est-ce que le fait d'avoir 55 ans constitue une contrainte à l'emploi? On peut se poser la question.

D'autre part, le gouvernement juge que d'avoir un enfant en bas de 5 ans n'est plus une contrainte temporaire pour deux parents sur l'aide sociale. Encore une fois, on peut se demander si ce critère est encore pertinent en 2013, avec les CPE et les congés parentaux. Le gouvernement veut faire en sorte qu'un seul parent puisse recevoir la prestation supplémentaire.

Alors que la réforme de l'assurance-emploi touche tous les prestataires fréquents de l'assurance, soit les deux tiers des personnes qui reçoivent des prestations régulières, les modifications de Québec à l'aide sociale ne touchent qu'une petite partie des bénéficiaires. Alors que les conservateurs imposent plus ou moins d'accepter des emplois jusqu'à 70% du salaire précédemment gagné à 100 kilomètres à la ronde, les prestations d'aide sociale ne sont pas touchées.

La perte de ce supplément représente cependant beaucoup pour ces personnes. C'est pourquoi il faut que le gouvernement s'assure de verser à toute personne s'inscrivant dans une démarche d'employabilité auprès d'Emploi-Québec ou d'un centre local d'emploi (CLÉ) la prestation de 195$ annoncée.

De plus, la ministre doit s'assurer qu'il y aura les ressources nécessaires pour être effectivement capable de rencontrer chacun des prestataires (ce qui n'est pas le cas présentement) et de procéder à une réelle évaluation de ses capacités et de ses besoins. Dans un contexte de coupes budgétaires, on est en droit de se demander si cela est réalisable.

Mme Finley fait la sourde oreille aux demandes de modifications pour assouplir sa réforme, alors que Mme Maltais s'est montrée ouverte à entendre dès le début les arguments et solutions des organismes de défense des personnes assistées sociales. Contrairement à cette dernière, je ne crois pas que Mme Finley, même si elle parlait mieux français, serait allée à l'émission Tout le monde en parle défendre sa réforme.

Lorsque je suis tombé sur cette statistique, je n'en revenais pas: environ 75% des jeunes de 25 ans et moins sur l'aide sociale proviennent de famille où les deux parents étaient sur l'aide sociale. Il y a là un indice clair quant au cycle de la pauvreté. Comme société, n'avons-nous pas la responsabilité de le briser? Cela ne passe-t-il pas par l'obtention d'un emploi honorable, capable d'offrir une fierté et une dignité?

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