Les interventions de Jacques Parizeau et Bernard Landry ont pu clarifier une chose: pour ces deux anciens premiers ministres du Québec, le gel et l'indexation des droits de scolarité sont deux notions différentes.

Pour M. Landry, partisan de l'indexation, «geler, ça veut dire diminuer, si on tient compte de l'inflation». M. Parizeau dit exactement la même chose. Il n'y a que la première ministre Marois pour considérer ces deux notions comme synonymes. Gel et indexation, ou vice et versa.

On comprend que les dirigeants étudiants n'aient pas été tentés par ce débat sémantique. D'autant plus que Mme Marois n'a jamais expliqué les fondements de sa proposition d'indexation des droits de scolarité. S'agit-il de l'indexation au coût de la vie ou au coût de système du réseau universitaire, ou encore une indexation qui assure que la part dans les coûts assumés par les étudiants reste la même? Dans tous les cas, cela signifie que les étudiants devront payer plus chaque année.

Pierre Fortin, farouche partisan de l'augmentation des droits de scolarité, admet lui-même que la gratuité scolaire permettrait à 20 000 personnes de plus d'accéder aux études supérieures. Par le fait même, il confirme que les droits de scolarité ont un effet sur l'accès à l'université, ce qui était nié par plusieurs partisans des hausses importantes dans ce domaine. C'est un facteur dont devront tenir compte les participants au Sommet sur l'enseignement supérieur.

Le fait de présenter une position mitoyenne entre les hausses substantielles des libéraux et la gratuité absolue et immédiate ne constitue pas en soi une démonstration de la valeur de la proposition de l'indexation, quelle que soit la formule retenue. Le juste milieu n'est pas une position politique.

La situation des finances publiques et les choix budgétaires du gouvernement ne peuvent non plus tenir lieu, à moyen et long terme, de fondement au choix de l'indexation. Lorsque j'étais au comité des Finances à Ottawa, chaque consultation prébudgétaire ramenait les recteurs et les associations étudiantes à exiger la restauration des transferts en éducation postsecondaire du fédéral coupés par les libéraux au milieu des années 90. Ce sont plus de 800 millions de dollars par année que le Québec perd, soit presque ce que la gratuité scolaire pourrait coûter. Depuis quelques années, étrangement, aucune revendication de ce côté-là.

Selon M. Parizeau, à la fin des années 60, le gouvernement de Daniel Johnson, après avoir instauré la gratuité au collégial, avait constaté qu'il n'avait pas l'argent nécessaire pour le faire à l'université. Il avait pris alors un moyen, le gel, pour l'atteindre à terme. Une approche semblable, avec d'autres moyens, pourrait être prise aujourd'hui, si le consensus allait dans le même sens.

Le gouvernement ne pourra faire l'économie d'une démonstration sur la validité de sa proposition s'il veut arriver à un résultat solide et durable au sortir du Sommet de la fin février. Il ne faudrait pas que la première ministre table uniquement sur l'appui de l'opinion publique, opinion qui était en faveur des hausses drastiques des libéraux au printemps dernier.

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