Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, est celui qui souffre le plus de l'arrivée de Louise Harel dans l'arène municipale. Depuis que l'ancienne ministre s'est lancée dans la course, la campagne est devenue une lutte à deux entre elle et le maire, Gérald Tremblay. Pris en sandwich, M. Bergeron peine à se faire entendre.

Pourtant, dans le contexte actuel où de nombreux scandales secouent l'administration Tremblay, on serait porté à croire qu'un parti qui s'érige en pur et dur de la politique municipale a toutes les chances de se distinguer. En nommant John Gomery responsable de son financement, Projet Montréal a marqué un bon coup et s'est positionné comme leader en matière d'éthique du financement des partis. Depuis, plus rien. Comme s'il n'avait pas été capable de surfer sur la vague.

 

Le problème repose sur les épaules de Richard Bergeron. Le chef de Projet Montréal ne convainc pas.

C'était on ne peut plus flagrant mercredi matin, lorsqu'il a convié les journalistes à un point de presse pour expliquer comment ses adversaires étaient responsables du déclin de la métropole. Il s'agissait non pas d'un point de presse, mais plutôt d'un cours magistral (une heure et dix minutes!) livré sur un ton didactique. Économie, sables bitumineux, commerce international... on était loin de la campagne électorale montréalaise. M. Bergeron est un homme érudit, pas de doute là-dessus. Mais parfois, il faut savoir faire court. Get to the point, comme on dit à Westmount...

Avec M. Bergeron à sa tête, Projet Montréal a peu de chances de percer aux prochaines élections. C'est dommage, car le parti a quelques bons candidats et des idées qui méritent d'être entendues. M. Bergeron a été le premier à pousser fort le dossier du tramway et des transports en commun, aujourd'hui récupéré par les autres partis. Ses positions sur la transparence en matière de financement et sur la prise de décision à Montréal (au comité exécutif, derrière des portes closes) méritent également d'être discutées.

En fait, Projet Montréal est le parti le plus en accord avec les valeurs actuelles en ce début de XXIe siècle (environnement, transports collectifs, financement populaire à la Obama). Le problème, c'est que son chef n'est pas un bon vendeur. Il n'a pas de charisme, il communique mal. En politique, il faut savoir faire preuve de lucidité. Benoit Labonté, qui ne manque pourtant pas d'ambition, a dû faire le même constat. Il a cédé sa place à une candidate qui avait plus de chances de le mener au pouvoir. Le chef de Projet Montréal devrait se livrer au même exercice et se poser les questions suivantes: est-ce que je me joins à Vision Montréal, dont bon nombre des candidats ont tout à fait le profil de Projet Montréal, afin de pousser mes idées et de me négocier un poste de responsable des transports au prochain comité exécutif? Ou est-ce que je me trouve un autre chef, plus dynamique et plus charismatique, sachant qu'il reste moins de deux mois à la campagne? Une décision qui s'impose s'il ne veut pas que son parti se limite à une note en bas de page dans un manuel d'histoire.