Au cours des dernières semaines, Montréal a confirmé sa réputation de ville de vélo. Il y a d'abord eu le lancement de Bixi, le système de vélo en libre-service qui remporte un franc succès dans la métropole. Puis à la fin mai, Montréal accueillait les épreuves de la Coupe du monde féminine sur le mont Royal, un événement qui réunissait les meilleures cyclistes au monde. Enfin, le week-end dernier, la Féria du vélo attirait des dizaines de milliers de cyclistes qui ont fait honneur au 25e Tour de l'Île de Montréal.

Bref, les cyclistes montréalais sont aux anges. Enfin, presque tous les cyclistes. Car les cyclistes de compétition, eux, se sentent laissés pour compte. Avec raison. La Société du parc Jean-Drapeau s'apprête à les chasser d'un lieu d'entraînement rêvé: la piste du circuit Gilles-Villeneuve.

 

Plusieurs cyclosportifs se rendent sur cette piste bien lisse pour rouler seul ou en peloton. Rappelons que les endroits pour le faire, à Montréal, sont pratiquement inexistants. Il y a bien le chemin Camillien-Houde, sur la montagne, mais l'état de la chaussée laisse souvent à désirer. Sans compter que les cyclistes doivent partager l'espace avec les automobilistes et quelques cars de touristes.

D'autres cyclistes choisissent plutôt de rouler vers l'ouest, en empruntant la route qui longe le fleuve Saint-Laurent vers LaSalle et Lachine. Ils doivent toutefois emprunter des portions de la piste cyclable où roulent les cyclistes plus «contemplatifs». Dangereux.

Le circuit Gilles-Villeneuve représente donc le seul véritable endroit où s'entraîner de façon sportive sans craindre de percuter un promeneur du dimanche.

Bien sûr, ces cyclistes de haut niveau qui filent à toute allure doivent partager la chaussée avec les utilisateurs de la piste cyclable Saint-Lambert-Vieux-Montréal ainsi qu'avec des adeptes du patin à roulettes.

Il y aurait eu 27 accidents liés au vélo en 2008, ce qui a incité la Société du parc Jean-Drapeau à adopter de nouvelles mesures de sécurité. On a donc annoncé l'installation de chicanes sur la piste. La Société songe aussi à déplacer les cyclosportifs autour du bassin olympique, là où on pratique l'aviron entre autres, un circuit pas mal plus pépère qui ne plaît pas aux principaux intéressés.

Il n'est pas trop tard pour revenir sur cette décision de la Société du parc Jean-Drapeau et aménager un compromis.

On peut très bien baliser le circuit Gilles-Villeneuve autrement et réserver un espace aux cyclistes de compétition. On peut également déplacer les patineurs à roulettes autour du bassin olympique. Ce serait plus logique.

Il y a 20 ans, le gouvernement Bourassa annonçait la transformation du vélodrome en Biodôme. Les cyclistes de compétition ne se sont jamais complètement remis de devoir céder leur place aux manchots et aux grenouilles. Va-t-on encore une fois leur retirer le seul endroit où ils peuvent s'entraîner à Montréal?

nathalie.collard@lapresse.ca