Aujourd'hui, aux États-Unis, des parents ont décidé de ne pas envoyer leurs enfants à l'école. Ce 20 janvier 2009, l'histoire ne s'apprendra pas dans les livres, elle se vivra en direct, à la télévision.

Il n'y a pas que les jeunes Américains qui vont se rappeler ce moment «historique». Partout sur la planète, des parents vont expliquer à leurs enfants en quoi l'intronisation de Barack Obama est un moment dont ils devraient se souvenir toute leur vie.

Voilà une occasion unique de leur parler d'histoire, d'engagement, d'espoir.

À cause de la couleur de la peau d'Obama, bien sûr. Car malgré tous les programmes pour mettre fin à la discrimination envers les Noirs aux États-Unis, on n'aurait jamais cru voir un président de couleur à la Maison-Blanche. Les enfants, et c'est compréhensible, ne saisissent pas très bien cette révolution-là. Combien d'entre eux croient que les États-Unis se limitent à New York, Los Angeles, les plages d'Ogunquit et les stars d'Hollywood? Quelle belle occasion pour les parents et les enseignants de leur expliquer l'esclavage, la discrimination, l'égalité des chances. De leur parler de Martin Luther King, d'Abraham Lincoln, de Rosa Parks.

La couleur de la peau de Barack Obama n'est pas le seul prétexte pour engager le dialogue. Il y a l'homme aussi. Le 44e président des États-Unis incarne à lui seul plusieurs valeurs que bien des parents tentent tant bien que mal d'inculquer à leurs enfants: le sens des responsabilités, l'engagement, la persévérance, le respect, la détermination... Ces mots n'ont pas une grande signification lorsqu'ils ne sont pas incarnés, lorsqu'on ne sait pas qui citer en exemple. Or justement, voilà un homme qui incarne avec beaucoup de dignité ces qualités du coeur qu'on voudrait tous voir se développer chez nos enfants. Les parents le savent bien, les vrais modèles se font rares de nos jours. Les hommes et les femmes qui, dans l'esprit des jeunes, parviennent à faire le poids aux côtés des mégastars du cinéma, de la chanson ou du sport sont encore plus rares. On ne laissera certainement pas passer une si belle occasion, avec l'arrivée d'Obama, d'encourager les enfants à réaliser leurs rêves, à se dépasser, à persévérer.

À un journaliste de CNN qui lui demandait ce qui l'avait décidé à venir à Washington accompagné de son fils adolescent, un Américain a répondu: «C'est pour lui. Ce moment lui appartient. C'est son avenir.» Il a tout à fait raison.

Nous vivons à une époque où tout est à prendre au deuxième et au troisième degré. Nos enfants ont grandi dans un monde où le sarcasme est intégré avant même l'entrée à la maternelle, dans une société où on ne leur donne pas souvent l'occasion de rêver. Pour une rare fois, nous pouvons laisser notre cynisme au vestiaire. Aujourd'hui, nous avons la chance de vivre avec eux un moment fort, une émotion pure, sans jeu vidéo, sans ordinateur et surtout, sans arrière-pensée. En cela aussi, il s'agit d'un moment historique. Ne le laissons surtout pas s'échapper.

nathalie.collard@lapresse.ca