Boulevard Saint-Germain, à la Bastille ou aux abords des autoroutes, à Paris, des centaines d'itinérants s'installent, la nuit, dans les entrées des boutiques ou sous des bâches. Beaucoup sont des Roms que Nicolas Sarkozy avait tenté de renvoyer chez eux, mais qui sont revenus.  

L'image est dévastatrice.

Cela se passe dans l'un des pays les plus généreux au monde en matière de sécurité sociale et de secours aux démunis. Un pays où la machine étatique, notamment dans sa fonction redistributrice, administre 57% de la richesse collective - cinq points de plus qu'en... Suède!

«Paris perd de son lustre», remarque The Economist dans un dossier accablant pour l'Hexagone. Voguant vers une crise majeure, la France est «une bombe à retardement en plein coeur de l'Europe», lit-on encore dans le magazine britannique.

Et comme si ce dossier devait avoir un effet immédiat, l'agence de notation Moody's a abaissé d'un cran la note de crédit de la France, hier soir. L'agence Standard&Poor's avait fait de même en janvier.

Ce sont des signes inquiétants.

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Il y a cinq ans, l'historien et économiste Nicolas Baverez avait sonné l'alarme en publiant La France qui tombe, un brûlot dont les puissants establishments de gauche s'étaient abondamment moqués. Or, depuis, la situation n'a fait qu'empirer.

La dette publique atteint 90% du PIB, l'État n'ayant pas connu l'équilibre budgétaire depuis... 1974. La fonction publique est pléthorique. La balance commerciale est lourdement négative. Le taux de chômage dépasse les 10% et même 25% chez les jeunes. On parle de récession pour la deuxième fois en cinq ans. Peugeot et Renault sont engagés dans des mises à pied ou fermeture d'usines (tout comme une demi-douzaine d'autres grandes firmes), alors que les fabricants allemands et britanniques prospèrent.

Devant cela, la solution trouvée par le président François Hollande est de... taxer les riches sur leurs revenus et gains en capitaux. Il est vrai que la «rue» monte la garde, prête à en découdre avec la police à l'évocation de la plus timide réforme. (On ne peut ici s'empêcher de sourire, tant cela rappelle le Québec...)

Et pourquoi la France tombe-t-elle ainsi, pour reprendre les mots de Baverez?

Quelqu'un a dit un jour qu'elle est la plus conservatrice des nations révolutionnaires... Il y a là une part de vérité, qui s'illustre de façon positive dans la préservation du legs d'un passé glorieux; dans le respect de la «pierre» et des institutions; dans l'accueil enthousiaste des idées les plus échevelées que puisse produire la Rive gauche! Mais cela se traduit aussi, de façon négative, par une grande résistance aux changements et par une haine féroce du capitalisme: seulement 15% des Français jugent positivement ce système, contre 65% des... Chinois.

En outre, les Français, remarque encore The Economist, sont les plus pessimistes des Européens.

On le serait à moins.