Sans le rêve, sans l'exploit, sans l'exploration par les humains de territoires inconnus, aller dans l'espace a-t-il encore un sens? C'est la question qu'on peut se poser en attendant le moment où la navette Atlantis, qui a magnifiquement décollé à 11h29, hier, atterrira pour une dernière fois dans 12 jours.

Sans le rêve, sans l'exploit, sans l'exploration par les humains de territoires inconnus, aller dans l'espace a-t-il encore un sens? C'est la question qu'on peut se poser en attendant le moment où la navette Atlantis, qui a magnifiquement décollé à 11h29, hier, atterrira pour une dernière fois dans 12 jours.

Après 30 ans, 135 vols, deux accidents majeurs dans lesquels ont péri 14 astronautes, l'ère des navettes spatiales américaines sera alors close.

Cette aventure et ses artefacts rejoindront dans les livres d'histoire et les musées les souvenirs des pionniers des programmes Mercury et Gemini. Ainsi que des explorateurs lunaires des vols Apollo et du «bond de géant pour l'humanité».

* * *

Dès les premiers moments de sa conception, en 1969, le programme de la navette spatiale n'a fait aucune place au rêve, à l'exploit, à l'exploration.

Il ne s'agissait que de mettre en service un camion réutilisable, sécuritaire et peu coûteux. Or, la navette aura été réutilisable seulement en partie, dangereuse et dispendieuse. Aujourd'hui, le meilleur tracteur de l'espace demeure le lanceur russe Proton, un engin ancien, mais fiable et bon marché

Au cours des décennies à venir, il n'y aura aucun problème à entretenir et bonifier la quincaillerie spatiale - de communication, de positionnement, de météo, etc. - dont nous ne pouvons plus nous passer dans la vie quotidienne.

Quant aux vols habités, le retrait des Américains fait de la place aux capsules russes, ou chinoises, ou éventuellement indiennes. Le séjour à bord de la Station spatiale internationale demeure possible. Et sans doute quelques millionnaires voleront-ils dans des véhicules commerciaux offrant des... sightseeing tours à une altitude de plus ou moins 110 kilomètres...

Mais il n'est pas dans les plans que l'homme aille beaucoup plus haut, beaucoup plus loin. Barack Obama ne se commet pas. Et si les Chinois parlent d'aller sur la Lune, leur calendrier est extraordinairement souple... «Il se peut que l'altitude (de l'orbite géostationnaire) de 36 000 km au-dessus de la Terre marque désormais la limite de l'ambition humaine», prévoit The Economist.

Cela étant, s'il veut encore aller ailleurs un jour, il faudra que l'homme fasse deux... petits pas.

D'abord, apparaît la nécessité d'une formule nouvelle pour financer des expéditions qui seront beaucoup trop coûteuses, même pour les États les plus riches.

Ensuite et surtout, on doit monter un grand projet qui fasse rêver. Ce sera le plus difficile. Car l'espace a été banalisé. Nous sommes devenus blasés. La magie, la curiosité et l'audace ont disparu. À moins de décréter que, l'univers, ce n'est pas notre affaire, il faudra modifier ces perceptions et ces humeurs.

La plus grande aventure que vit l'espèce doit continuer.