Sur l'ensemble des ponts et du tunnel reliant la Rive-Sud à Montréal, 12 ou 13 voies permettent aux automobilistes d'entrer sur l'île à l'heure de pointe du matin. Une seule bloque et la traversée devient difficile. Or, hier, les banlieusards ont trouvé la travée nord du pont Champlain coupée sur deux voies - et fortement ralentie sur la troisième - par une dénivellation de cinq centimètres laissée par un entrepreneur!

Sur l'ensemble des ponts et du tunnel reliant la Rive-Sud à Montréal, 12 ou 13 voies permettent aux automobilistes d'entrer sur l'île à l'heure de pointe du matin. Une seule bloque et la traversée devient difficile. Or, hier, les banlieusards ont trouvé la travée nord du pont Champlain coupée sur deux voies - et fortement ralentie sur la troisième - par une dénivellation de cinq centimètres laissée par un entrepreneur!

Des voitures y sont littéralement tombées et ont dû être remorquées, ce qui a amorcé l'embâcle. Par la suite, les amateurs de ponts extrêmes ont dû franchir le ravin à vitesse d'escargot entre une forêt de cônes orange fraîchement plantés. Des automobilistes coincés pendant des heures dans les queues sont tombés en panne d'essence. Par effet domino, l'affaire a confituré toutes les autres traversées - dont la plupart sont déjà handicapées par des travaux! Enfin, un accident sur la route 132 a achevé le travail...

Au total, l'affaire a provoqué l'une des heures de pointe les plus cauchemardesques que les résidents de la Rive-Sud aient connues depuis très longtemps. En début d'après-midi, le temps d'attente pour accéder au pont Champlain pouvait encore atteindre une heure!

Que faire? Pénaliser l'entrepreneur, bien sûr, c'est le plus facile. Mais ensuite?

Au cours de la journée d'hier, plusieurs lecteurs ont répondu à l'Appel à tous («Pris dans le trafic?») logé sur Cyberpresse à ce sujet. Entre les déficiences du transport en commun et les aspects repoussants de la ville de Montréal, l'ensemble de ces contributions constitue un formidable catalogue des malheurs et misères de l'homo quatre-cinq-zéro.

Et on n'a même pas encore parlé de la Rive-Nord!

«Montréal, la patate chaude en déclin, creuse son propre trou avec l'aide des gens de Québec et d'Ottawa», résume un de ces contributeurs (Frederick Gauthier).

Alors, pour s'en extraire, faut-il bâtir une demi-douzaine de nouveaux ponts? Quadriller la banlieue avec des milliers d'autobus, de trains, de rames de métro s'arrêtant aux 90 secondes à la moindre intersection, nuit et jour? Rendre l'automobile illégale et forcer tout le monde à se déplacer sur deux roues, comme le ferait volontiers la gauche-vélo (équivalent québécois de la gauche-caviar française) si on lui en donnait le pouvoir?...

Rien, absolument rien, de cela ne se fera à court terme. Et, soyons francs, pas à long terme non plus. De sorte que nous n'avons plus qu'une suggestion. Il faut fermer Montréal et, pour paraphraser Alphonse Allais, la rebâtir à la campagne.

Surtout, surtout, loin de tout cours d'eau.