La chute surprenante du taux de chômage à 8,4% et la création de 92 000 emplois à temps plein en septembre sont des signaux supplémentaires que l'économie canadienne prend du mieux.

Ces données encourageantes s'ajoutent à l'explosion de 61% de la revente des maisons depuis le début de 2009 qui a été annoncée mercredi. Cette augmentation avait déjà poussé les économistes de la Banque TD à soulever l'éventualité d'un relèvement des taux d'intérêt dans un proche avenir.

 

L'Australie a lancé le bal en haussant son taux de base à 3,25% mardi. Les cambistes ont été prompts à prédire que le Canada serait le prochain pays industrialisé à emboîter le pas. La prudence s'impose toutefois avant de tenir pour acquis que le taux directeur figé à 0,25% décollera du plancher auquel il est cloué depuis le printemps.

Tout comme l'Australie, le Canada peut compter sur un système bancaire très solide. Tous deux ont mieux résisté à la crise économique. Leur marché immobilier a aussi bien tenu le coup. Mais là s'arrêtent les similitudes.

L'Australie a évité la récession technique et n'a connu qu'un trimestre de PIB négatif. On y a même enregistré une croissance de 1% au premier semestre de 2009. Au Canada, l'économie a régressé pendant trois trimestres. Et en juillet, nous avons connu un faux départ avec une croissance nulle du PIB.

La différence majeure a trait au commerce extérieur des deux pays. L'économie australienne a été revigorée par le plan de stimulation de la Chine, son principal partenaire. Quant au Canada, il fait principalement affaire avec les États-Unis, qui ont toutes les misères du monde à s'extirper de la crise. Leurs 263 000 pertes d'emplois le mois dernier en sont une éclatante illustration.

En augmentant son taux directeur, la banque centrale australienne veut éviter que le taux d'inflation ne s'emballe. Encore là, rien à voir avec la situation canadienne, où les prix à la consommation sont stables.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, multiplie les mises en garde contre la hausse accélérée de la valeur du dollar, dommageable pour les exportations canadiennes, qui sont d'ailleurs retombées de 5% en août. Malheureusement, son appel n'a pas été entendu: le huard avoisine maintenant les 96 cents. Augmenter les taux ne ferait que propulser le huard davantage.

Néanmoins, il y a quelques jours, M. Carney a mis un bémol sur son engagement de ne pas toucher au taux directeur avant la mi-2010. Il viendra bien sûr un temps où la banque centrale devra resserrer sa politique monétaire pour ne pas mousser l'inflation. Mais il faut d'abord s'assurer qu'une remontée des taux ne contribuera pas à tuer la reprise dans l'oeuf. Pour cela, on devra observer une croissance du PIB et des emplois dans le secteur privé, ce qui n'est pas le cas présentement.

Compte tenu des statistiques optimistes des derniers jours, la tentation sera forte pour la Banque du Canada de dégeler les taux. Il reste à savoir combien de temps elle saura y résister.