Il y a quelques jours, l'agence Standard & Poor's a envoyé un petit avertissement au gouvernement Charest en réduisant de positives à stables les perspectives rattachées à sa cote de crédit A».

L'agence de notation compte sur le gouvernement québécois pour qu'il revienne rapidement à l'équilibre budgétaire et qu'il diminue le fardeau de sa dette. Sinon, une décote n'est pas à écarter.

 

La baisse des revenus rattachée à la récession fait évidemment mal au portefeuille de l'État. Et la possibilité que la croissance des transferts de péréquation soit réduite à compter de 2010-2011 ne ferait que plomber davantage ses finances. Avec ses 8,3 milliards reçus l'an dernier, le Québec a été de loin le plus grand bénéficiaire de toutes les provinces.

Une décote signifierait des coûts d'emprunt supplémentaires. Le Québec doit déjà affecter 10 % de son budget au paiement des intérêts sur la dette, autant d'argent qui n'est pas consacré aux services gouvernementaux.

Lors de sa mise à jour des finances québécoises prévue dans quelques semaines, le ministre Raymond Bachand devrait nous laisser savoir si le déficit anticipé de 3,9 milliards tient encore la route pour l'année 2009-2010. Au fédéral, on sait déjà que les prévisions sont passées de 34 à 56 milliards.

Devant la menace d'une décote, rappelons-nous les sacrifices majeurs que le gouvernement Bouchard avait dû imposer à la fin des années 90 afin de revenir au déficit zéro. À l'époque, la dette du Québec atteignait 47 % du produit intérieur brut. Or nous atteindrons ce seuil d'ici deux ans.

Pendant les années de vaches grasses qui ont précédé la récession, le gouvernement québécois aurait pu en profiter pour ramener le poids de la dette sous la barre des 40 % du PIB. Mais il a privilégié des mesures plus populaires, comme une baisse d'impôt.

Lorsque la Banque du Canada rouvrira la porte à une hausse du loyer de l'argent quelque part en 2010, la facture des intérêts, déjà à plus de 6 milliards par an, grimpera inévitablement et monopolisera une partie grandissante du budget de l'État québécois.

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Le gouvernement Charest sera confronté à des choix déchirants dans les prochains mois. Ces décisions ne pourront être pelletées dans le futur indéfiniment. Si le Québec ne fait pas le ménage dans ses affaires, les agences de notation se chargeront de lui forcer la main.

On ne pourra compter sur une hausse significative des revenus fiscaux. La population active diminuera à partir de 2013 ; il sera conséquemment difficile d'augmenter les recettes en impôts. Relever la TVQ de 1 % de plus dès 2010 ne nuirait pas, mais il n'apportera que 1 milliard de plus dans les coffres du gouvernement.

Il vaudrait donc mieux planifier immédiatement les compressions nécessaires à tête reposée. Attendre une menace de décote pourrait mener à des actions draconiennes qui auraient des répercussions pendant des années. Qui ne se souvient pas des milliers d'emplois supprimés dans le réseau de la santé ?