«Il faut réparer le lien de confiance entre les citoyens et la classe politique. Si on fixe la date des élections au calendrier et qu'on fait en sorte que cette date-là ne soit plus déterminée selon des calculs partisans, le citoyen aura le sentiment qu'on lui redonne les élections.» - Bernard Drainville, 14 juin 2013

Il y a sept mois à peine, l'Assemblée nationale adoptait à l'unanimité la Loi modifiant la Loi électorale afin de prévoir des élections à date fixe. Pour le ministre responsable, Bernard Drainville, les députés vivaient alors «un moment charnière de notre démocratie.» Selon la Loi, les prochaines élections devraient avoir lieu le 3 octobre 2016. Or, que font les mêmes députés ces jours-ci, notamment ceux du Parti québécois qui avaient fait des élections à date fixe un engagement électoral? Ils se préparent à un scrutin au cours des prochaines semaines.

Ou bien la première ministre, Pauline Marois, trouvera un prétexte pour dissoudre le parlement. Ou bien le PLQ et la CAQ inventeront une raison pour défaire le gouvernement. Dans un cas comme dans l'autre, on bafouera l'esprit d'une mesure qui devait redonner confiance aux citoyens dans la classe politique. Cela s'appelle «prendre les électeurs pour des valises».

Nos politiciens, tous partis confondus, continuent à faire de la vieille politique. Tout en se plaignant du fait que beaucoup de Québécois sont désabusés, ils persistent dans les tactiques qui sont à l'origine du mal.

La première ministre, Pauline Marois, avait raison d'être offusquée par les insinuations de François Legault au sujet du «deal» entre son mari et le Fonds de solidarité FTQ. Rien n'indique qu'il y ait un lien entre ces relations d'affaires et les choix politiques de Mme Marois; laisser entendre autre chose, c'est de la calomnie. Cela dit, la première ministre devrait se garder une petite gêne, compte tenu de toutes les insultes qu'elle a lancées à l'endroit de Jean Charest lorsque celui-ci était premier ministre.

Et puis il y a cette multitude de subventions annoncées au cours des derniers jours par le gouvernement. En annonçant vendredi un projet de cimenterie en Gaspésie, madame Marois a laissé tomber cette phrase digne de Duplessis: «Le comté de Bonaventure a fait un très bon choix lors des dernières élections et vous avez aujourd'hui les résultats de ce choix.»

En Mauricie mardi, la chef péquiste a soutenu sans rire que l'avalanche d'annonces n'avait rien à voir avec la tenue prochaine d'élections. Franchement! Les libéraux de Philippe Couillard ont dénoncé cette «pluie de bonbons pré-électoraux», mais la critique aurait été plus crédible s'ils n'avaient pas fait exactement la même chose alors qu'ils étaient au gouvernement.

Pourquoi la classe politique est-elle incapable de changer ses façons de faire? Parce que, quoiqu'on en dise, la vieille politique, ça marche. C'est le plus désolant de l'affaire.