«L'intégrité est au coeur de la relation de confiance qui doit s'établir entre les citoyens et l'État, qui doit en conséquence être gouverné avec un sens supérieur de l'éthique.» - Programme du Parti québécois

Au cours de ses années dans l'opposition, le Parti québécois a fait de l'intégrité son principal cheval de bataille. Le PQ a notamment dénoncé, avec raison, les nominations partisanes faites par le gouvernement Charest. Or, maintenant que les péquistes sont au pouvoir, ils se comportent exactement de la même façon.

Il n'y a rien de mal à ce qu'un parti au pouvoir place à des postes clés des personnes partageant sa philosophie. Cependant, parce que l'intérêt public est en jeu, on doit s'assurer que ces personnes sont d'une compétence incontestable. Le choix de Pierre Karl Péladeau pour présider le conseil d'administration d'Hydro-Québec satisfait cette norme. Certes, elle suscite des inquiétudes. Contrôlant déjà l'entreprise médiatique la plus puissante du Québec, M. Péladeau se retrouvera au sommet d'une société d'État d'une importance stratégique. Son influence sera sans précédent.

Cela dit, il faut donner la chance au coureur. L'une des grandes leçons des scandales financiers des 15 dernières années, c'est que les conseils d'administration, autant au privé qu'au public, doivent être forts et indépendants. Lorsque ce n'est pas le cas, le conseil n'est pas en mesure d'exercer son rôle de supervision de la direction. Dans ce contexte, il ne fait pas de doute que M. Péladeau a toute la compétence et l'expérience nécessaires, et davantage, pour présider le c.a. d'une grande société d'État.

De toute façon, ici, on ne peut pas parler de «nomination partisane». Le patron de Québecor a sans doute des sympathies souverainistes, mais cette nomination n'est évidemment pas une récompense pour services rendus au Parti québécois. Il en est tout autrement dans les cas d'autres personnes nommées par le gouvernement Marois. Pensons à Sylvain Simard (présidence du c.a. de la SAQ, à Jean-Yves Duthel (représentant d'Investissement Québec à Munich) et à Nicolas Girard (pdg de l'AMT).

Rien dans leur formation ou leur carrière ne les qualifiait pour de telles fonctions. Le cas de M. Duthel est d'autant plus troublant qu'il est accusé d'avoir violé les règles sur le financement des partis politiques. Quant à M. Simard, professeur de littérature devenu politicien professionnel, on se demande bien ce qu'il connaît au commerce de détail et aux états financiers d'une grande entreprise.

Ces messieurs ne feront pas nécessairement un mauvais travail. Mais personne n'est dupe: ils ont obtenu ces emplois pour la seule et unique raison qu'ils ont consacré une partie de leur vie au PQ.

On l'aura compris: les leçons de morale servies aux libéraux par Mme Marois n'étaient que tactique partisane.