L'ex-entrepreneur en construction Lino Zambito a laissé tomber de nouvelles allégations-chocs devant la commission Charbonneau. Il a notamment soutenu avoir remis 30 000$ en argent comptant à l'organisateur libéral et vice-président de Loto-Québec Pierre Bibeau, dans les bureaux de la société d'État.

Compte tenu du statut de M. Bibeau au sein de la famille libérale et du poste qu'il occupe maintenant dans le secteur public, cette allégation est extrêmement troublante. Pierre Bibeau a «dénoncé vivement» ces allégations, sans toutefois donner davantage d'explications.

M. Zambito a aussi déclaré qu'une part de 2,5% de la valeur des contrats de travaux publics attribués à Laval était destinée au maire Gilles Vaillancourt, allégation tout de suite niée par ce dernier. La suite de l'enquête permettra de confirmer ou d'infirmer les propos du témoin-vedette de la commission.

M. Zambito a par ailleurs livré quelques réflexions intéressantes sur le rôle des élus dans le financement des partis politiques, en particulier le Parti libéral du Québec. Il a souligné que plusieurs députés et ministres «sont honnêtes». S'ils se trouvent mêlés à des scandales de financement illégal, c'est parce qu'ils sont victimes du système mis en place par des organisateurs et des firmes de génie-conseil. Lors d'activités de financement, a raconté Lino Zambito, «souvent, les ministres sont mis avec du monde qu'ils ne connaissent pas et il y a une photo qui est prise», parlant d'entrepreneurs à la réputation louche. Le fait que le Parti libéral ait imposé à chaque ministre une cible de financement de 100 000$ par année «les oblige à se mouiller et ça, c'est dangereux.»

Selon l'ex-entrepreneur, un «bon libéral», le PLQ devrait profiter de la controverse et de la course à la direction qui s'amorce pour «faire le ménage». «Il y a des organisateurs et des chefs de cabinet que j'ai nommés qui font partie de l'organisation des candidats à la chefferie du Parti libéral», déplore celui qui est aujourd'hui accusé de fraude, de corruption et d'extorsion.

Lino Zambito a mis en garde la classe politique contre des solutions simplistes, comme abaisser le don maximal permis à 100$, ce que propose le gouvernement Marois: «Si on baisse ça à 100$, il faut que le gouvernement contribue parce qu'on va juste créer plus d'argent au noir.» En effet, si des personnes étaient prêtes à contourner la loi lorsque le plafond des dons était à 3000$, pourquoi ne le feraient-elles pas si ce plafond est à 100$?

C'est donc la culture des formations politiques qu'il faut changer, à commencer par celle du Parti libéral, qui semble avoir porté le financement illégal à un niveau sans précédent. M. Zambito a raison: cette question devrait être au coeur de la course à la direction du PLQ.