Dans toutes les démocraties parlementaires, les élus sont tentés de manipuler la carte électorale à leur avantage. Pour empêcher de telles pratiques, plusieurs États, dont le Québec, se sont dotés d'un organisme indépendant chargé de délimiter les circonscriptions sur la base de principes clairs et de critères neutres. Ce qui se passe à Québec depuis trois ans relativement à la modernisation de la carte électorale de 2001 est une désolante illustration de la nécessité de garder les élus le plus loin possible de ce processus.

Dans toutes les démocraties parlementaires, les élus sont tentés de manipuler la carte électorale à leur avantage. Pour empêcher de telles pratiques, plusieurs États, dont le Québec, se sont dotés d'un organisme indépendant chargé de délimiter les circonscriptions sur la base de principes clairs et de critères neutres. Ce qui se passe à Québec depuis trois ans relativement à la modernisation de la carte électorale de 2001 est une désolante illustration de la nécessité de garder les élus le plus loin possible de ce processus.

En 2008, la Commission de représentation électorale a présenté son projet de mise à jour de la carte électorale. La carte proposée permettait de tenir compte de la décroissance de la population dans les régions rurales et de l'explosion démographique en banlieue de Montréal. Ainsi, trois circonscriptions étaient supprimées dans les régions de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent et de Chaudière-Appalaches, tandis que trois étaient ajoutées sur les rives Sud et Nord de l'île de Montréal.

Cette proposition a suscité l'indignation dans les régions perdantes. Une Coalition pour le maintien des comtés en région s'est formée. Et, chacun se prétendant le plus farouche défenseur  des régions, les partis politiques ont rejeté les recommandations de la Commision et tenté de ménager la chèvre et le chou. Au fil de diverses péripéties, il est apparu que libéraux et péquistes étaient disposés à voir le nombre de circonscriptions augmenter de 125 à 128, au moins temporairement, et qu'ils cherchaient une formule permettant de perpétuer le déséquilibre qui avantage les régions en décroissance démographique. Or, ces deux mesures sont inacceptables.

Il ne saurait être question d'augmenter le nombre de députés. On l'a souvent dit, l'Assemblée législative de l'Ontario, province qui compte cinq millions d'habitants de plus que le Québec, est composée de 107 députés, 18 de moins que notre Assemblée nationale.

S'il faut consentir à des accrocs aux règles pour permettre à des régions particulières d'être représentées à l'Assemblée nationale - pensons aux Îles-de-la-Madeleine et à l'Ungava - ces exceptions doivent rester... exceptionnelles. Ainsi, il est profondément injuste que la circonscription de Gaspé compte à peine 27 000 électeurs tandis que celle de Masson, au nord de Montréal, en ait plus de 60 000. Cela revient à dire que le vote des gens de Masson pèse deux fois moins lourd que celui des Gaspésiens. Quel principe peut justifier une telle iniquité?

Dans un dossier comme celui-là, les élus, quelle que soit leur appartenance politique, placent malheureusement leurs intérêts partisans devant les fondements de la démocratie. C'est pourquoi ils devraient s'abstenir et laisser la Commission de la représentation électorale faire son travail.