Dans la nuit de lundi à mardi, le premier ministre réélu, Stephen Harper, a pris l'engagement solennel de gouverner en tenant compte des six Canadiens sur 10 qui n'ont pas voté pour son gouvernement. S'il y a une promesse qu'il devra respecter, pour le bien du pays, c'est bien celle-là.

Dans la nuit de lundi à mardi, le premier ministre réélu, Stephen Harper, a pris l'engagement solennel de gouverner en tenant compte des six Canadiens sur 10 qui n'ont pas voté pour son gouvernement. S'il y a une promesse qu'il devra respecter, pour le bien du pays, c'est bien celle-là.

Ce n'est pas parce que les conservateurs ont obtenu la majorité tant convoitée qu'ils auront le droit de tout faire. S'il a certainement obtenu le mandat de mettre en oeuvre sa plateforme électorale, le gouvernement Harper devra rester à l'écoute des millions de Canadiens qui ne pensent pas comme lui. Dans son discours de victoire, le chef conservateur a promis d'«être fidèle à nos principes, mais aussi d'écouter pour s'adapter, comme nous l'avons fait lorsque nous étions minoritaires». Voilà des propos peu rassurants compte tenu de son comportement autoritaire et paranoïaque depuis qu'il est premier ministre.

Parmi les changements que le gouvernement conservateur apportera aux lois canadiennes, on peut compter l'élimination du registre des armes longues, un renforcement général du Code criminel et la fin des subventions gouvernementales aux partis politiques. Cette dernière mesure fera mal aux bloquistes et aux libéraux, qui sortent déjà affaiblis des élections de lundi. Dans tous ces dossiers, nous prions M. Harper de faire preuve de modération. Pour ce qui est du financement des partis, une question fondamentale pour notre démocratie, il devrait donner la chance aux Canadiens de se faire entendre et tenir compte de l'opinion de la majorité. De même pour les compressions de 11 milliards que les conservateurs ont promis d'effectuer dans les dépenses de l'État fédéral, pour les orientations de politique étrangère et pour l'équilibre délicat entre la production d'hydrocarbures et la protection de l'environnement.

Bien que la plupart des Québécois lui aient tourné le dos, le premier ministre devra résister à la tentation d'ignorer le Québec. M. Harper aura à cet égard une responsabilité historique, celle de s'assurer que la nouvelle donne politique, à première vue favorable à l'unité du pays, ne tourne pas à moyen terme à l'avantage des indépendantistes. N'oublions pas que dans deux ans, le gouvernement Harper pourrait se retrouver face à un gouvernement Marois, à Québec, gouvernement qui s'efforcera de multiplier les accrochages avec Ottawa.

La tâche du premier ministre à cet égard sera difficile. Son caucus ne sera certainement pas très sensible aux préoccupations des six députés du Québec (sur un total de 167). M. Harper devra faire en sorte, d'une manière ou d'une autre, que la voix des Québécois soit entendue au sein de son gouvernement.