«Accusez, accusez, il en restera toujours quelque chose», pourrait-on dire en paraphrasant Voltaire. Dans l'univers politico-médiatique d'aujourd'hui, ceux qui s'attaquent aux gouvernants bénéficient souvent, de la part des médias comme de celle de la population, d'un préjugé favorable. Nos dirigeants sont tellement mal vus qu'on croit d'emblée ceux qui les disent en conflit d'intérêts, malhonnêtes ou menteurs. Si les accusations se révèlent plus tard mal fondées, le soupçon, la méfiance demeurent néanmoins.

«Accusez, accusez, il en restera toujours quelque chose», pourrait-on dire en paraphrasant Voltaire. Dans l'univers politico-médiatique d'aujourd'hui, ceux qui s'attaquent aux gouvernants bénéficient souvent, de la part des médias comme de celle de la population, d'un préjugé favorable. Nos dirigeants sont tellement mal vus qu'on croit d'emblée ceux qui les disent en conflit d'intérêts, malhonnêtes ou menteurs. Si les accusations se révèlent plus tard mal fondées, le soupçon, la méfiance demeurent néanmoins.

On a une nouvelle démonstration de ce phénomène dans les réactions qui ont suivi la décision du Directeur général des élections du Québec (DGEQ) de ne pas mener d'enquête sur les allégations de Marc Bellemare au sujet de présumées irrégularités dans le financement du Parti libéral du Québec. Cette décision, annoncée vendredi, a été discrètement rapportée par la plupart des médias; rien à voir avec le fracas provoqué par les propos de Me Bellemare en mars dernier.

À l'époque, l'ancien ministre soutenait avoir constaté plusieurs irrégularités dans le financement du Parti libéral. Il affirmait en avoir averti Jean Charest. Lorsque le premier ministre a nié, Me Bellemare l'a accusé de «mentir comme il respire»: «Je suis en mesure de prouver, par deux plus deux, qu'il était au courant.»

Invité par le DGEQ à rencontrer un de ses enquêteurs, Marc Bellemare a refusé et est même allé en cour pour faire casser cette assignation. En vain. Le 22 octobre dernier, Me Bellemare a donc dû répondre aux questions de représentant du DGEQ. Sa preuve «par deux plus deux» n'a visiblement pas impressionné l'enquêteur. Lisons le communiqué du DGEQ: «Il ressort du témoignage de Me Bellemare qu'il n'a été témoin d'aucune collecte d'argent qui serait contraire aux dispositions de la Loi électorale. De même, il ne peut témoigner ni citer de fait concret laissant croire que des contraventions à cette loi auraient été commises.»

Comme c'est son habitude quand quiconque ose mettre en doute ses affirmations, Marc Bellemare s'est attaqué à la crédibilité du Directeur général des élections, affirmant que ses enquêteurs étaient «inutiles et incompétents». Faut-il rappeler ici que ces mêmes enquêteurs ont découvert des irrégularités dans le financement du parti formé par M. Bellemare pour la course à la mairie de Québec, en 2005?

La décision du DGEQ ne signifie pas que le Parti libéral est blanc comme neige. Cependant, elle illustre le danger de sauter aux conclusions dès qu'une personne accuse un élu. Ce n'est pas parce que Jean Charest est impopulaire qu'il est coupable de tout. Il a droit, dans le domaine politique comme dans le judiciaire, à la présomption d'innocence.