Un fidèle lecteur de La Presse me demande pourquoi les médias ont commémoré l'échec de l'Accord du lac Meech tandis que personne ne souligne les anniversaires de l'échec d'un autre accord constitutionnel, la Charte de Victoria, en 1971.

La réponse est simple: c'est le Québec qui est responsable de cet échec, pas le reste du Canada. Ce genre de choses ne correspondant pas au mythe du Québec martyr, on n'en parle pas.

Je rappelle brièvement de quoi il s'agissait. Réunis à Victoria, Colombie-Britannique, tous les premiers ministres du pays s'étaient entendus sur un amendement constitutionnel prévoyant notamment un droit de veto du Québec sur tout amendement constitutionnel, la présence garantie à la Cour suprême de trois juges québécois, un statut officiel pour le français dans les provinces d'Ontario et du Nouveau-Brunswick.

Alors premier ministre du Québec, Robert Bourassa avait d'abord semblé donner son accord. Mais devant le tollé nationaliste, il recula quelques jours plus tard. Claude Ryan en tête, on estimait que le gouvernement du Québec aurait aussi dû obtenir la priorité législative dans le domaine des affaires sociales. Les élus québécois ont donc lâché la proie pour l'ombre. Quelques années plus tôt, le premier ministre Jean Lesage avait lui aussi renié sa signature à une formule d'amendement de la constitution (Fulton-Favreau).

C'était une époque où, au Canada anglais, la question québécoise était à la mode. Il y avait une réelle ouverture parmi les dirigeants politiques pour accommoder certaines des revendications québécoises. Les dirigeants politiques du Québec n'ont pas su profiter de cette fenêtre. Aujourd'hui, après 40 ans de chialage et deux référendums, les Canadiens anglais en ont assez. Leur impatience n'est-elle pas compréhensible?

André Pratte