Barack Obama arrive en Chine demain soir. Il aura des entretiens avec le président Hu Jintao sur plusieurs questions cruciales pour le monde, notamment la lutte aux changements climatiques. Ceux qui croyaient que les négociations dans ce domaine avanceraient rapidement après l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche doivent se rendre à l'évidence: George Bush était loin d'être le seul obstacle à la négociation d'un traité post-Kyoto.

En fait, il est difficile d'imaginer dossier plus complexe que celui-ci. Autour de la table, 191 pays. Chacun a le même objectif: contribuer à la lutte aux changements climatiques pourvu que cela ne nuise pas à ses intérêts nationaux, notamment à sa croissance économique.

 

Il n'y a pas de pays héros dans ce domaine. Si l'Union européenne peut se vanter d'avoir atteint les cibles qu'elle s'était données à Kyoto, c'est parce que ces objectifs étaient généralement moins exigeants. Ainsi, les pays de l'ancienne Europe de l'Est avaient déjà enregistré des baisses substantielles d'émissions de gaz à effet de serre (GES) avant la signature de l'accord de Kyoto, en 1997. La date de référence du traité, 1990, était particulièrement avantageuse pour eux.

Aux États-Unis, le projet de loi sur les changements climatiques appuyé par M. Obama est présentement étudié au Sénat. Il est certain que, s'il est adopté, la cible visée sera moins ambitieuse que le 20% sous le niveau de 2005 espéré par le président. De nombreux législateurs sont en effet hostiles au projet, en particulier ceux qui représentent des États producteurs de pétrole ou de charbon. Tant que le texte de 1200 pages est disséqué au Congrès, les États-Unis ne seront pas en mesure de présenter un plan précis. Or, le vote n'aura certainement pas lieu avant la conférence de Copenhague, le mois prochain.

La Chine a promis de diminuer substantiellement l'intensité de ses émissions de GES. Néanmoins, en raison de sa très forte croissance économique, le pays émettra beaucoup plus de gaz à effet de serre en 2020 qu'aujourd'hui. Même chose pour l'Inde, qui en plus se montre sceptique quant à l'impact des changements climatiques. Pourtant, la contribution de ces deux géants est essentielle; d'ici 2020, ils seront responsables de 70% de l'augmentation des émissions de GES.

Enfin, les pays en voie de développement cherchent à éviter des engagements trop contraignants. Surtout, ils exigent que les pays riches leur transfèrent des centaines de milliards pour appuyer leur transition vers une économie plus verte. Étant donné leurs mauvaises expériences passées avec l'aide au développement, on comprend la réticence des pays développés à mettre la main dans cet engrenage.

En somme, le monde est encore très loin d'un nouveau traité sur les changements climatiques. Et il est plus éloigné encore d'une diminution substantielle des émissions de gaz à effet de serre, diminution essentielle, selon la majorité des spécialistes, pour éviter les pires effets des changements climatiques.

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