Dans le contexte actuel, qui ferait le meilleur chef pour succéder à Jean Charest à la tête du Parti libéral du Québec? LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS.

Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec.



DU SANG NEUF



Les Québécois ont un besoin presque viscéral d'avoir à la tête de leur gouvernement une personne qui imposera le respect, qu'ils admireront et qui aura un ascendant sur eux. Une personne qui respire la confiance, qui saura défendre leurs intérêts et les représenter avec passion. Une personne qui leur expliquera dans un langage clair, sans utiliser la langue de bois, les tenants et aboutissants des situations problématiques. L'élection du prochain chef du Parti libéral est capitale pour l'avenir de ce parti. Pierre Moreau a le charisme nécessaire pour devenir premier ministre et son parcours, depuis qu'il a été élu à l'Assemblée nationale, a été presque sans faute, notamment lorsqu'il a pris la relève de Sam Hamad au ministère des Transports. Pour sa part, Philippe Couillard impose le respect, est vif d'esprit et possède une prestance comme nul autre pareil. Cette course à la direction n'en est qu'à ses balbutiements et il sera intéressant  de surveiller le comportement des candidats en lice durant cette période. Mon favori au départ : Philippe Couillard, talonné de très près par Pierre Moreau.

Jean Gouin

Francine Laplante

Femme d'affaires.



MÉLANGE BOUCHARD-DUMONT



En toute franchise, aucun des noms qui ont circulé à ce jour ne suscite en moi un grand enthousiasme. Un chef se doit d'avoir une personnalité forte, de la prestance, une confiance en lui presque inébranlable et un charisme rassembleur. Un chef, c'est un leader naturel qui donne le goût de le suivre contre vents et marées, en étant un orateur hors pair qui sait inspirer et convaincre avec passion puisqu'il doit défendre l'indéfendable pour le bien de la population. Un vrai chef, c'est celui avec qui j'aimerais prendre un café et à qui je confierais les clés de ma maison et l'éducation de mes enfants. Un vrai chef, ce serait pour moi un mélange de Lucien Bouchard et Mario Dumont; mais existe-t-il au Québec quelqu'un qui soit prêt à relever ce défi de taille en sachant très bien que notre société n'est pas prête au véritable changement qui s'impose? Comme le dit si bien l'expression : faute de pain, on mange la galette, alors selon moi, les libéraux ne pourront que choisir le moins pire des candidats, mais assurément pas le plus qualifié!

Denis Boucher

Associé au sein d'un cabinet de relations publiques.



UN CANDIDAT SURPRISE?



Tout en continuant à défendre ses valeurs, le Parti libéral doit impérativement se renouveler. Il devra donc éviter la voie de la facilité que représente un couronnement et aussi oublier les candidats issus de l'ancien gouvernement. S'il veut démontrer qu'il a la capacité d'évoluer, le PLQ doit viser à faire élire un chef qui ne sera pas issu de l'establishment libéral ou du milieu politique. Le nouveau chef doit avoir les coudées franches et des idées nouvelles pour convaincre les Québécois qu'il a les qualités requises pour remettre les finances du Québec en état tout en préservant les acquis sociaux qui sont chers à l'ensemble de la population. Il serait donc sage, qu'avant de donner trop rapidement leur appui à des candidats de l'interne, les militants et députés libéraux attendent de voir si un candidat surprise ne fera pas son entrée dans l'arène. Je suis convaincu que de tels candidats existent. Il appartient maintenant au parti et aux médias de leur faire une place en faisant de l'inexpérience politique un atout plutôt qu'une tare. Le PLQ a là une occasion rêvée d'offrir à la population du Québec le changement qu'elle souhaite. Peut-être voudra-t-il commencer par avoir un chef élu par les membres plutôt que par des délégués. C'est à voir.

Denis Boucher

Jean-Pierre Aubry

Économiste et fellow associé au CIRANO.



UN CHEF POUR UNE PÉRIODE DIFFICILE



Les prochaines années ne seront pas faciles pour le Québec, notamment sur le plan économique.  On ne prévoit pas un fort taux croissance économique; la croissance du bassin de travailleurs sera très faible et celle de la productivité sera au mieux modérée.  Le vieillissement de la population qui affecte déjà la croissance économique et la situation financière du gouvernement agira de plus en plus comme un frein.  Il en sera de même pour la force du dollar canadien.  Si à cela on ajoute la taille de la dette, les problèmes aux infrastructures du gouvernement et des municipalités, et les déficits actuariels des régimes de retraite gérés par ces deux paliers d'administration publique, il faudra un chef de parti qui manoeuvre habilement dans la sphère économique et financière, qui aura le courage de faire des choix difficiles et qui aura la capacité de bien expliquer ses choix. M. Bachand me semble le plus apte à accomplir cette tâche. M. Couillard et M. Moreau ne m'ont pas démontré qu'ils avaient les qualités de gestionnaire et de leader pour bien faire ce travail; beaucoup de paroles et peu de résultats.  Par contre, je trouve dommage que Mme Thériault ne présente pas sa candidature à ce poste; son cran, son réalisme et sa capacité d'analyse m'ont impressionné.

Jean-Pierre Aubry

Pierre Simard

Professeur à l'ENAP, à Québec



LA QUALITÉ DE L'IMAGE



Le Parti libéral du Québec n'est plus, depuis longtemps, un parti d'idées. Aujourd'hui, le PLQ est d'abord et avant tout un parti de pouvoir. Dans cette perspective, les apparatchiks libéraux vont probablement chercher à identifier le candidat (ou la candidate) pouvant les reporter au pouvoir le plus rapidement possible. Il ne faut pas oublier que cette course à la direction se tiendra en parallèle de la commission Charbonneau. Cet événement hautement médiatisé pourrait déterrer des cadavres du placard libéral et, ce faisant, perpétuer l'odeur de corruption lui ayant coûté la victoire aux dernières élections. Dans ce contexte, il ne faut donc pas exclure qu'un candidat externe, montrant patte blanche, vienne brouiller les cartes. Depuis quelques jours, on parle beaucoup de Philippe Couillard. Toutefois, son nébuleux départ pour le secteur privé pourrait éventuellement lui nuire.

Pierre Simard

Michel Kelly-Gagnon

PDG de l'Institut économique de Montréal. Il s'exprime à titre personnel.



UNE VOLONTÉ DE CHANGEMENT



Tout d'abord, précisons que je m'exprime ici strictement à titre de citoyen privé. Les médias ont l'habitude de toujours mettre mon titre officiel, lié à mon travail, mais ce n'est pas à ma demande, bien au contraire. Sinon, sur le fond, il faut réaliser que le futur leader du PLQ deviendra vraisemblablement un jour premier ministre du Québec. Il ne s'agit pas d un commentaire partisan, mais d'une simple observation factuelle. Or le Québec a désespérément besoin de réformes fondamentales qui le ferait passer d'une «vieille» social-démocratie (du genre la Suède des années 70) à une social-démocratie concurrentielle (pour reprendre l'expression de mon ami Marcel Boyer). Autrement dit, nous devons passer de la Suède d'hier à la Suède d'aujourd'hui, jusqu'à un certain point. Pour mener de telles réformes à terme, il faudra un leader doté de fortes convictions personnelles et d'une volonté de fer. Il est possible que les Philippe Couillard, Raymond Bachand, Pierre Moreau et Line Beauchamp soient capables de cela, mais je n'ai rien décelé chez eux qui me porterait à croire qu'ils veulent et peuvent opérer un tel changement.

Michel Kelly-Gagnon

Mélanie Dugré

Avocate.



UN CHOIX FACILE



Line Beauchamp et Philippe Couillard ont tous deux quitté le navire en pleine tempête et ils auront de la difficulté à convaincre les membres du PLQ qu'ils possèdent les aptitudes nécessaires pour en porter la casquette de capitaine. Les preuves de l'intelligence et des qualités de stratège financier de Raymond Bachand ne sont plus à faire et il a été de plusieurs projets destinés à stimuler l'économie de la province. Malheureusement, sa personnalité manque de la couleur et de la saveur qui doit caractériser celle d'un chef de parti. Parmi les candidats en lice à ce jour, Pierre Moreau est celui qui retient mon attention. Bien que son parcours ne soit pas sans tache, sa capacité d'admettre et d'assumer la responsabilité pour certaines bévues commises au sein de son ministère méritent mention. Enfin, il semble être animé de la fougue et de l'audace qu'appelle la fonction.

Mélanie Dugré

Jana Havrankova

Médecin endocrinologue.



QUE LE MEILLEUR GAGNE!



La brochette des candidats n'est pas encore finalisée. À ce stade-ci, plutôt que suggérer un individu précis, j'aimerais que la course à la direction révèle le plus compétent. Les aspirants à la direction du parti devraient se prêter à un débat public d'idées et de projets. Les membres du PLQ, mais aussi les médias et les citoyens, pourraient poser des questions aux candidats. Certaines questions seraient connues à l'avance, d'autres testeraient la capacité du candidat à réagir spontanément. Certains prétendants devront répondre à des interrogations précises. Que signifie l'engagement rapide de Philippe Couillard démissionnaire dans une firme intéressée aux soins de santé privés? Quels sont ses plans pour notre système de santé? Un autre candidat potentiel, médecin lui aussi, le ministre de la Santé sortant, Yves Bolduc, doit également quelques explications à la population. Pourquoi 25 % de Québécois ne bénéficient toujours pas de médecin de famille et quels moyens compte-t-il utiliser pour renforcer la première ligne? Aussi : que sont devenus les 300 millions $ dépensés pour l'informatisation du réseau? Pour remettre en état le PLQ, le parti devra trouver la personne la plus crédible, la moins compromise - en réalité et en apparence -, la plus compétente. Les langues de bois s'abstenir!

Jana Havrankova

Jean Bottari

Préposé aux bénéficiaires.



MÉFIANCE ET CYNISME



Bien que je ne sois pas l'un de ses partisans, le seul candidat potentiel détenant à la fois une certaine expérience ainsi qu'un fort charisme est Philippe Couillard. Par contre, M. Couillard, aurait semble-t-il négocié son emploi post-politique alors qu'il était ministre de la Santé au sein du gouvernement de Jean Charest. Pour l'instant, Jean-Marc Fournier assure l'intérim. Or, M. Fournier a démissionné de ses postes de ministre et député tout en encaissant évidemment sa généreuse prime de départ. Il est par la suite revenu par la grande porte en se présentant dans un comté sûr, a été réélu et est devenu aujourd'hui chef du PLQ par intérim et par surcroit chef de l'opposition officielle. Quant à l'ex chef du PLQ, Jean Charest, il aurait retiré durant 10 ans un «petit» surplus salarial de 75 000 $. Somme prélevée, semble-t-il, à même les cotisations des membres et à l'insu de la majorité d'entre eux. Il semble donc qu'avec la venue de Philippe Couillard, la tradition libérale voulant qu'un aspirant au poste de chef soit symbole d'éléments négatifs alimentant la méfiance et le cynisme que nous entretenons envers nos politiciens. Les membres et donateurs du PLQ semblent n'y voir que du feu. Allez comprendre!