Quelle aura été la contribution de Gabriel Nadeau-Dubois, qui a remis sa démission hier comme porte-parole de la CLASSE, au mouvement étudiant du printemps? VOS COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS.

Raymond Gravel

Prêtre dans le diocèse de Joliette et ex-député fédéral de Repentigny

CHAPEAU!

Gabriel Nadeau-Dubois mérite tout notre respect et notre admiration. Dans la tourmente, ce jeune a gardé son sang-froid, même si le gouvernement libéral en place a tout fait pour le discréditer et même le démoniser. Il n'a jamais baissé les bras et il a toujours su bien représenter la CLASSE, durant ce conflit qui s'éternise à cause de l'incompétence d'un Jean Charest qui se sert des étudiants pour se faire réélire le 4 septembre prochain. En démissionnant de son poste de co-porte-parole du mouvement étudiant, Gabriel prouve une fois de plus qu'il est quelqu'un de bien, puisque Jean Charest ne pourra plus se servir de lui pour se faire du capital politique en vue des élections. Ce jeune est sans doute conscient qu'il sert toute la population du Québec, en se retirant des médias, pour que la campagne électorale soit axée sur autre chose que le conflit étudiant. Personnellement, j'ai de l'admiration pour lui et j'ose espérer le retrouver ailleurs, pour défendre les intérêts des plus démunis et des sans-voix de notre société. Merci Gabriel d'avoir suscité chez moi et chez d'autres l'indignation face à ce gouvernement corrompu. Des jeunes comme toi qui ont l'audace et le courage de dénoncer l'injustice et l'exploitation des petits, se font réprimander et même ostraciser... Ne t'en fais pas! C'est le prix de la liberté!

Raymond Gravel

Denis Boucher

Associé au sein d'un cabinet de relations publiques

TROP RIGIDE

La lettre de démission écrite par le célèbre porte-parole de la CLASSE est particulièrement révélatrice de sa structure de pensée. De toute évidence, il se croyait le représentant de toute la jeunesse québécoise. On comprend aussi que les droits de scolarité n'étaient que le paravent de son agenda dans sa grande cavalcade contre ce qu'il appelle l'affairisme. On voit aussi que GND a du mal à mettre en perspective la contestation, la qualifiant d'historique même si elle n'a rassemblé qu'une infime partie des étudiants. Mais on ne peut enlever à GND son grand talent de la formule percutante, son sens du « clip ». « Malheureusement », au-delà de la formule, il existe un monde que l'on appelle la réalité. Celle où les lois doivent être respectées ou bien contestées par la voie des tribunaux et non par des manifestations qui dégénèrent et de la violence. Celle où on accepte que la société dans laquelle on vit doit tenir compte, non seulement de nos aspirations, mais aussi de notre capacité de payer. Celle, finalement, où l'on est suffisamment humble pour se dire que notre vision n'est pas l'unique solution et que celle des autres est forcément méprisable. On ne peut, quand on prétend parler au nom de toute la jeunesse, faire preuve d'autant de rigidité. Il faut accepter que ce ne soit pas ma façon ou la révolution!

Denis Boucher

Adrien Pouliot

Président et chef de la direction de Draco Capital

SOMBRE COURANT DE PENSÉE

M. Nadeau-Dubois aura fait comprendre au pauvre petit contribuable québécois, normalement trop occupé à travailler et à payer ses impôts pour s'informer de ce genre de choses, qu'il y a une petite frange d'exaltés bien nantis, financés directement ou indirectement par l'État, qui, sous le couvert d'agir pour le bien collectif, nourrit un mouvement radical, dangereux et violent de contestation dont le but est d'attiser des tensions sociales pour miner nos institutions démocratiquement élues. GND nous aura aussi permis de mettre en lumière les liens entre lui, l'ASSÉ, l'Union communiste libertaire et Québec solidaire. Sans lui, nous n'aurions probablement jamais lu le manifeste de la CLASSE, « une caricature de ce qui se fait de plus crétin du côté gauche de l'échiquier politique depuis que le marxisme et le communiste se sont fracassés sur le réel il y a une vingtaine d'années », de dire le commentateur Normand Lester qui lui trouve des relents de fémino-fascisme et qui nous rappelle, dit-il, la naissance du fascisme en Italie dans les années 1920. Le court passage de GND aura laissé comme héritage un éveil à l'existence au Québec d'un sombre courant de pensée qu'on croyait disparu avec l'effondrement du mur de Berlin.

Adrien Pouliot

Caroline Moreno

Écrivain et comédienne

L'ÉVEIL DU PEUPLE

Gabriel Nadeau-Dubois a contribué à sonner l'éveil du peuple québécois qui, depuis le référendum volé de 1995, s'était assoupi. Il lui a redonné la parole. Au plus fort de la crise, 300 000 personnes ont usé de ce droit dans la fierté et l'enthousiasme. Les interventions intelligentes et posées de GND ont permis de rompre avec la langue de bois et le politiquement correct introduits par Lucien Bouchard lors de son règne. Les mots ont repris leur valeur et leur sens. Grâce aux étudiants et à leurs leaders, les Québécois ont signifié au monde entier qu'ils étaient vivants et différents. Merci à Gabriel Nadeau-Dubois. Bon succès pour la suite des choses!



Caroline Moreno

Mélanie Dugré

Avocate

LA POUDRIÈRE

Xavier Dolan le trouvait sexy. J'ai pour ma part trouvé que Gabriel Nadeau-Dubois avait une sacrée tête de cochon. Ce peut être une qualité exceptionnelle en certaines circonstances, mais dans un contexte de négociations où les émotions sont à fleur de peau, ce peut facilement devenir un bien vilain défaut. Il est néanmoins difficile de rester indifférent devant la clarté de la pensée et les propos éloquents de ce jeune homme, tout comme il est impossible de ne pas sourciller devant l'accueil de rock star que lui ont souvent réservé les carrés rouges. S'il a su exercer un pouvoir rassembleur sur ses troupes, il a malheureusement été sous-estimé par les dirigeants du gouvernement. Des trois représentants des associations étudiantes, il a été le plus intransigeant et le moins conciliant et il doit en conséquence porter une partie du blâme pour l'échec des négociations. Je partage son opinion à l'effet que la CLASSE a maintenant besoin de nouveaux visages et de sang neuf afin d'éviter de ressasser de vieilles rancunes et raviver des querelles du printemps érable. Je retiendrai de cet être entêté la force de ses convictions tout en constatant qu'il aura semé sur son passages quelques bombes à retardement et plusieurs mines antipersonnel.

Mélanie Dugré

Robert Asselin

Directeur associé de l'École supérieure d'affaires publiques et internationales à l'Université d'Ottawa

PHÉNOMÈNE MÉDIATIQUE

Sur la forme, GND a été un exemple frappant de la « surmédiatisation » de notre société et de la force de l'image dans la « fabrication » des nouvelles.  La couverture médiatique dont ce jeune homme a bénéficié depuis le début de la crise étudiante a-t-elle été démesurée? En grande partie, oui. Agitateur, contestataire de l'ordre établi, frondeur, mais aussi habile et doué devant la caméra, il est devenu au milieu de la crise la coqueluche des médias, qui se sont alimentées de ses déclarations intempestives et controversées. Il a occupé beaucoup de place dans l'espace public parce qu'il a compris et joué à fond la joute médiatique. Sur le fond, dans le débat plus large de la qualité de l'éducation et des coûts qui y sont rattachés, je dirai que sa contribution a été décevante. Comme leader de son mouvement, il n'a pas à mon sens fait la démonstration rigoureuse sur le fond que la position de la CLASSE sur la gratuité se tenait debout sur le plan des finances publiques et de la qualité de l'éducation. Le phénomène médiatique GND et cette quête constante du sensationnalisme est à mon avis une tendance inquiétante dans le journalisme contemporain. Le malaise créé par le reportage de Radio-Canada sur l'histoire de la filature insinuant l'implication du premier ministre Charest en est d'ailleurs la plus récente manifestation.

Robert Asselin

Manon Massé

Candidate de Québec Solidaire dans Sainte-Marie-Saint-Jacques

UNE VOIX ÉLOQUENTE ET INTÈGRE

Ce printemps, la jeunesse québécoise a su nous rappeler avec éloquence ce qu'est un peuple. Elle nous a  sortis du confort et de l'indifférence pour nous redonner espoir en demain. À la colère des jeunes et à la beauté de la rue, Jean Charest a choisi d'y opposer la violence et le mépris. Mais le mouvement a répondu avec une parole édifiante. Cette parole de milliers d'étudiants a été porté avec courage et conviction par Gabriel Nadeau-Dubois, le porte-parole de la CLASSE. Même lorsque les médias et la classe politique ont voulu faire de lui le «chef» du mouvement, il a défendu et respecté la démocratie étudiante. Il a réussi à ébranler notre société de plus en plus hiérarchique et autoritaire en refusant d'indiquer une marche à suivre aux étudiants et en rappelant que le pouvoir de décider appartient à tout le monde. Ce jeune de 21 ans et ses collègues de la CLASSE nous auront appris à se tenir debout face à l'arrogance d'un gouvernement usé par le pouvoir, à résister aux décisions injustes, mais surtout ils nous auront redonné confiance en l'avenir.

Photo fournie par Manon Massé

Manon Massé

Léo Bureau-Blouin

Candidat du Parti québécois dans Laval-des-Rapides

DE LA DÉTERMINATION



Malgré nos différences idéologiques, je salue la détermination dont a fait preuve Gabriel Nadeau‑Dubois lors du conflit étudiant. Personne ne remettait en cause ses aptitudes de communicateur et il a tenté d'agir avec diligence dans ses divers mandats. L'attitude du gouvernement libéral dans le dossier des droits de scolarité a été provocatrice. Les libéraux ont refusé toute discussion avec les étudiants et certains libéraux s'en sont même pris personnellement aux représentants étudiants. Je pense que la solution au conflit étudiant approche avec le vote du 4 septembre. Je suis confiant que les efforts de mobilisation des organisations étudiantes n'auront pas été faits en vain. À peine 40 % des jeunes ont exercé leur droit de vote aux dernières élections. Si les étudiants passent de la rue aux urnes, la carte électorale risque de changer considérablement.

PHOTO: MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Léo Bureau-Blouin

Nicole Girard

Candidate du Parti libéral dans Montarville

AU-DELÀ DES INDIVIDUS

L'enjeu de l'avenir de nos institutions universitaires va bien au-delà des individus en cause. Le co-porte-parole de la CLASSE a fait un choix personnel en remettant sa démission. Pour le Parti libéral, le respect de la démocratie et de ses institutions est crucial pour l'avenir de notre société. Le choix que nous proposons le 4 septembre prochain est celui de la stabilité pour continuer à développer l'économie du Québec. Nous invitons donc tous les Québécois à se prononcer en faveur de la démocratie, de l'économie et du droit à l'éducation pour le Québec.

Nicole Girard