Certains semblent s'indigner que Jacques Duchesneau ait dévoilé à la commission Charbonneau des informations obtenues alors qu'il était à la tête de l'Unité anticollusion sur la portée de la corruption dans le financement des partis politiques. C'est à juste titre que non seulement il a recueilli ces informations, mais qu'il les transmette à la commission. Était-ce dans son mandat? Peu importe. Il détenait des informations faisant état de stratagèmes frauduleux, il devait les communiquer pour qu'une enquête plus approfondie soit menée et ce sera le rôle de la commission. Accepterions-nous qu'un policier affecté à la circulation ne questionne pas et n'intervienne pas s'il s'aperçoit que l'auto arrêtée est pleine de drogue ou de cigarettes de contrebande? Penserions-nous le blâmer de transmettre l'information aux services concernés sous prétexte que son travail de limite à faire du radar? Pouvons-nous accepter que la main gauche ignore ce que la main droite fait, que l'information soit jalousement conservée et cachée entre différents organismes de prévention et d'enquête? Que le gouvernement et les partis politiques s'en inquiètent, c'est vraiment faire peu confiance à la commission qu'ils ont eux-mêmes créée. Que cela les embête, qui peut s'en étonner?

Tirer sur le messager

Jocelyn Boily, Québec

Nous avons compris par le témoignage de Jacques Duchesneau avec quels moyens minimalistes l'ancien patron de l'unité anticollusion a travaillé et comment il a failli claquer la porte. Nous avons également saisi que sans lui, il n'y aurait pas eu de rapport et par ricochet pas de commission d'enquête, car Jean Charest n'en voulait pas. Dès le début de son mandat, Jacques Duchesneau a perdu des mois précieux à se battre contre la machine qui l'avait pourtant embauché. Maintenant que son rapport est produit et que la commission d'enquête a été créée, il est attaqué de toutes parts par les avocats des différents partis politiques, du gouvernement et de plusieurs entreprises de construction. On tire sur le messager, car son but était de pointer du doigt l'endroit où il y avait de la corruption, mais les intervenants ne regardent que le doigt et ne vont pas au fond du problème.

Un citoyen libre

Jean-Luc Landry



Me Estelle Tremblay, l'avocate du Parti québécois devant la commission Charbonneau, a déclaré qu'un citoyen n'a pas le droit d'enquêter sur un sujet particulier, en faisant référence à l'enquête privée que Jacques Duchesneau a effectuée sur la possible collusion dans l'industrie de la construction. Ce sont maintenant les avocats qui vont nous dire ce que nous, du petit peuple, pourrons faire pendant nos loisirs? À ma connaissance, il n'y a aucune loi, sauf dans des cas très précis, qui empêche un individu d'avoir des conversations avec qui il veut et comme bon lui semble. M. Duchesneau est un citoyen libre et je suis bien content qu'il ait continué son enquête à titre personnel. Est-ce que Me Tremblay peut nous garantir qu'il n'y a pas de collusion dans l'industrie de la construction?