Une mascarade

Une mascarade

Quand une commission dite sérieuse fait venir un témoin qui ne peut confirmer ni la provenance d'un carton, ni les dates, ni les liens entre les types d'encre, il y a lieu de se poser des questions. La commission est une honte pour le système judiciaire. Comment tolérer qu'un juge ne prenne même pas en compte les remarques du Barreau du Québec quant à l'équité des parties au droit de poser des questions ? Pour le commun des mortels, cette commission est le procès de Marc Bellemare, point à la ligne. Pour d'autres, un simple spectacle de diversion issu de la collusion entre le Parti libéral et le gouvernement pour camoufler une vérité que tous connaissent : la corruption du système par le financement des partis politiques. Le Barreau n'aura bientôt d'autres choix que de se dissocier de cette mascarade qui mine la crédibilité de la justice.

Michel Lemay, Québec

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Du pain et des jeux

Pour que le peuple reste tranquille, les empereurs romains lui offraient du pain et des jeux, mais surtout des jeux ! La recette n'a pas été oubliée par nos dirigeants. Quand le peuple grogne et s'indigne des scandales, pots-de-vin, mafia dans la construction, forages de gaz de schiste inconsidérés, on lui organise une commission d'enquête sur n'importe quel sujet, même datant de plusieurs années. Et dans le domaine du show, la commission Bastarache est des plus réussies : déclarations-chocs afin d'attirer l'attention, puis pour maintenir l'intérêt, affirmations contradictoires de collaborateurs. Enfin, le summum du suspense avec un expert en encres qui nous a appris le mot « luminescer », un verbe n'existant pas plus que les résultats de son « expertise » ! Évidemment, tout ça coûte cher, mais il ne faut pas lésiner sur la dépense quand le spectacle en vaut la peine ! Beaucoup de bruit pour rien ? Peu importe... la saison du hockey va bientôt commencer.

Robert Henry, Rawdon

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Un commissaire timoré

La commission Bastarache ne constitue peut-être pas un spectacle aussi passionnant que la commission Gomery. Une des raisons : la piètre performance du commissaire Michel Bastarache. Sans doute a-t-il été un bon juge collégial à la Cour suprême du Canada - un parmi neuf - mais son type de personnalité plutôt timorée n'allait pas en faire un juge unique efficace ou, si l'on veut, un bon maître de classe. Pas plus qu'un bon commissaire. Son insécurité n'est pas sans avoir été saisie immédiatement de la part des acteurs, ce qui les amène jusqu'à un certain point à en profiter. Rarement répond-il aux objections de façon ferme et péremptoire. Un peu plus et il demanderait la permission pour tenir les propos qu'il va tenir. Ce qui à la fin donne un spectacle d'une profonde tristesse, sinon pathétique.

Roch Pagé, Ottawa

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Tentative de destruction

Je suis entièrement d'accord avec Marc Bellemare que les nombreux avocats présents à la commission essaient de le détruire personnellement. Ils ne cherchent pas à faire la lumière au sujet de l'influence externe sur la nomination des juges. Et le commissaire Bastarache a perdu le contrôle des travaux, tant à l'intérieur de la salle d'audience qu'à l'extérieur. Le pauvre Marc Bellemare s'en sortira meurtri personnellement et la grosse machine libérale, incluant le juge Bastarache, s'en sortira affaiblie, mais les anticorps politiques libéraux prendront la relève. Cette fumisterie a assez duré.

Jocelyn Boily, Québec