La mise en place par l'arrondissement Plateau Mont-Royal de mesures visant à limiter la circulation automobile a suscité de nombreuses réactions.Voici quelques-unes des opinions reçues.

Les mesures de Projet Montréal visent à protéger les résidants d'un des quartiers les plus affectés par la circulation automobile transitaire: 75-80% de la circulation automobile sur le Plateau est transitaire et compte pour plus d'un demi-million de véhicules par jour. Si réduire la circulation sur la rue Christophe-Colomb augmentera la circulation sur les rues Saint-Denis et Papineau, cela ne fera que rendre visible l'ampleur du problème. Cet effet secondaire ne constitue nullement un transfert de nuisance de riches vers des pauvres ! Contrairement à ce qu'allègue Luc Chartrand (La Presse, 5 juillet), les résidants de Christophe-Colomb sont pour la plupart locataires à revenus modestes. Assimiler le Plateau et Ville-Mont-Royal, comme M. Chartrand le fait, est une fausseté criante et ridicule. Les riches qui s'accaparent le territoire ne sont pas les résidants du Plateau, mais bien les automobilistes qui traversent et polluent le Plateau et insécurisent les citoyens ordinaires qui y résident.

Michel Camus, résidant du Plateau et membre de Projet Montréal

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Ils ne font que passer

Bien que certaines des mesures que l'arrondissement du Plateau compte prendre soient draconiennes, limiter le trafic routier aux grandes artères m'apparaît intéressant. Il est vrai que de nombreux automobilistes (dont moi-même) prennent de petites rues de quartier et que plusieurs dépassent largement les limites de vitesse. Ce n'est pas agréable pour les résidants du quartier, il faut en convenir. Pourquoi devraient-ils souffrir les conséquences d'automobilistes qui ne font que passer du nord au sud sur leur territoire sans rien offrir en retour?

Maxime Dupont-Demers, Montréal

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Tout ça pour ça

Je demeure à Ahuntsic, arrondissement aux trois ponts vers Laval (où l'inverse dépendant de l'heure). L'an dernier, nos roitelets de quartier ont décidé d'investir dans un plan de circulation locale et ils se sont rapidement concertés afin d'installer des sens uniques inversés afin de contrôler la circulation des banlieusards. Pour ce faire, rues barrées par des blocs de béton, nouvelle signalisation et, bien sûr, grande dépense afin d'informer et de communiquer la bonne nouvelle au peuple. Mais le peuple ne voulait pas de ces mesures ridicules, qui rendait plus simple de s'approvisionner à Laval que sur la rue Fleury, qui évidemment réduisait l'achalandage sur la rue Fleury et qui déplaisait aux commerçants (de 15% à 30% de réduction d'achalandage pour plusieurs marchands). Grande participation aux assemblées démocratiques de l'arrondissement, unanime réprobation de tous les citoyens... avec pour résultats qu'après quelques mois, les blocs, les poteaux et la signalisation ont été enlevés. Retour à la situation antérieure avec une petite variante, simple comme bonjour : elle permet de contrôler la circulation de transit sur les rues résidentielles par de jolies pancartes qui interdisent l'emprunt des rues résidentielles aux heures de pointe, afin de canaliser la circulation sur les artères prévues à ces fins.

Réal Lavoie

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Une utopie

Résidante du quartier Notre-Dame-de-Grâce, mais tout à fait à l'ouest, là où aucun métro ne se rend, je fais de mon mieux pour éviter de circuler en auto, mais il y a tout de même des limites à ma bonne volonté. Les autobus les plus proches de chez moi passent aux demi-heures et je n'ai pas de temps à perdre à attendre le bus 162-Monkland ou le 102-Somerled pour aller prendre le métro ou pour rentrer chez moi après une épuisante journée de bénévolat. Comme il est utopique de penser que l'auto disparaîtra de nos rues, j'estime que la ville pourrait au moins faciliter les déplacements en offrant un meilleur service d'autobus et en repensant le système de parcomètres.

Janine Thériault, Montréal